DEUXIÈME PARTIE : MORPHOLOGIE

CHAPITRE DEUXIÈME

DES PRONOMS

I. - Pronoms personnels

§ I. - Pronoms séparables

  1. 120.A. Idée générale
Une première série de pronoms personnels se présente comme constituant des mots distincts et indépendants (cf. Paradigme, IV, I)
  1. Ces pronoms ne peuvent jouer dans la phrase que le rôle de sujets ou d’attributs. De plus, aux modes personnels, la forme verbale elle-même renferme l’indication du sujet : קָטַ֫לְתִּי j’ai tué (de קָטַל il a tué) ; les pronoms séparables ne sont, en conséquence, employés comme sujets que dans les cas où l’on veut donner plus de relief à l’auteur de l’action exprimée par le verbe : אֲנִי קָטַ֫לְתִּי c’est moi qui ai tué.

  2. Les pronoms personnels, séparables ou inséparables, ont, aux trois personnes, des formes particulières pour le singulier et le pluriel. En outre, tandis que, pour les pronoms de la première personne, les mêmes formes sont communes aux deux genres, les pronoms de la deuxième et de la troisième ont, au singulier et au pluriel, une forme spéciale pour le masculin et une autre pour le féminin.
  1. 121.B. Première personne
Tant au singulier qu’au pluriel, le pronom de la première personne a deux formes : une forme simple et une forme emphatique plus archaïque.
  1. Singulier
    1. La forme simple est 1אֲנִי dans lequel les grammairiens distinguent : l’élément pronominal proprement dit י ִ, peut-être abrégé de iya2, et l’élément démonstratif אֲנ destiné à donner plus de relief à la forme. Dans אֲנִי, le sheva composé remplace une voyelle primitive3, probablement a bref ou long ; cette voyelle reparaît à la pause, sous l’influence de l’accent qui remonte sur la pénultième : אָֽנִי.
    2. La forme emphatique est 4אָֽנֹכִי, dans lequel l’élément démonstratif est renforcé par un כ ; il est probable que la voyelle ô remplace un [81,b] â primitif5. À la pause, on a אָנֹ֑כִי, avec simple déplacement de l’accent ; une fois (Job xxxiii, 9) on a אָֽנֹכִי sans aucune modification.

  2. Pluriel
    1. La forme simple ne se rencontre qu’une seule fois (Jérémie xlii, 6) et seulement au ketiv ; le qeré lui substitue la forme emphatique. Les consonnes de cette forme simple sont אנו ; il est facile de reconnaître dans נו la finale נוּ du pronom emphatique ; Quand au א, sa voyelle devait être la même qu’au singulier : אֲנוּ ou 6אָנוּ.
    2. La forme emphatique est 7אֲנַ֫חְנוּ ; l’élément démonstratif אנ est ici renforcé, non par כ, mais par ח. À la pause on a אֲנָ֑חְנוּ.
    3. Cette forme emphatique est parois abrégée en נַ֫חְנוּ, à la pause נָ֑חְנוּ.
  1. 122.C. Deuxième personne
  1. L’élément commun à tous les pronoms de la deuxième personne est אַתּ, dans lequel le redoublement du ת a pour but de compenser l’assimilation d’un 8נ ; on a donc ici, comme à la première personne, un élément personnel essentiel ת et un élément démonstratif אַנ. Les désinences caractéristiques du masculin et du féminin, au singulier et au pluriel, sont communes aux pronoms et aux verbes, mais très différentes de celles que nous retrouverons dans les noms.

  2. Singulier masculin - La désinence est ā9, généralement indiquée par le ה mater lectionis : אַתָּה. La forme אַתָּ ne se rencontre que cinq fois, et le qeré lui substitue toujours אַתָּה. À la pause on a אָ֑תָּה et parfois (par exemple Psaumes ii, 7) אַ֑תָּה, selon que le recul de l’accent entraîne, ou non, l’allongement de la première voyelle.
    N. B. : On a trois fois (Nombres xi, 15 ; Deutéronome v, 23 ; Ézéchiel xxviii, 14) pour le masculin la forme féminine 01אַתְּ.

  3. Singulier féminin - La désinence primitive était ī indiqué par le י mater lectionis : 11אַתִּי. On en trouve encore des traces :
    1. dans certaines formes des pronoms inséparables [125, c] ;
    2. dans le ketiv אתי que l’on rencontre sept fois dans la Bible (Juges xvii, 2, Rois I xiv, 2, etc.) ; bien que le qeré invite à lire את, ce ketiv atteste l’existence d’une forme primitive dans laquelle la voyelle ī se faisait entendre à la fin du mot12. Dans la forme actuelle, cette voyelle ī a disparu ; mais, bien que le ת soit final [50, a et 27, B, b] on lui maintient le signe du redoublement et on lui donne un sheva : אַתְּ. À la pause, on a אָ֑תְּ.

  4. Pluriel masculin - La désinence primitive était 31-ֻם ; on en trouve encore des traces dans certaines formes des pronoms inséparables [125, c]. Dans la forme actuelle, la voyelle u s’est atténuée en è14 [84, c] : אַתֶּם.

  5. Pluriel féminin - La désinence primitive était probablement -ֻן, souvent complétée par un nouvel élément emphatique : -ֻנָה ou 51-ֻנָּה. Dans la forme actuelle, la voyelle u, attestée par certaines formes des pronoms inséparables [125, c], s’est atténuée en ē ou è16 [84, c]. La forme אַתֵּן, que d’autres lisent אַתֶּן, ne se rencontre qu’une seule fois (Ézéchiel xxxiv, 31). Le plus souvent, on emploie אַתֵּ֫נָה ou, dans certains manuscrits, אַתֵּ֫נָּה.
  1. 122.D. Troisième personne
  1. L’élément commun à tous les pronoms de la 3e personne est le 71ה ; ici l’élément pronominal ne reçoit aucun complément démonstratif.

  2. Singulier - On a : 81הוּא pour le masculin, et 91הִיא pour le féminin. Dans ces pronoms, le א n’est pas une mater lectionis, mais la consonne initiale d’une seconde syllabe qui a disparu de la prononciation20.

  3. Pluriel masculin - La désinence primitive était vraisemblablement 12-ֻם, souvent complété par un élément emphatique : -ֻמָּה. Dans la forme actuelle, la voyelle u, qui s’est conservée en des formes inséparables [125,d et 126, d], s’est atténuée en ē [84, c]. La forme הֵם (הֶם־ devant le maqéf) est peut-être la plus fréquente ; mais on rencontre souvent aussi הֵ֫מָּה.

  4. Pluriel féminin - La désinence primitive -ֻן ou 22-ֻנָּה, conservée en plusieurs formes inséparables, a, dans la forme actuelle, sa voyelle atténuée en ē23. Les formes simples הֵן et הֶן ne s’emploient qu’avec les particules ב, כ, ל, etc.  La forme usuelle est הֵ֫נָּה.

§ II. - Pronoms inséparables

  1. 124.A. Idée générale
Au lieu des pronoms séparables, on emploie le plus souvent des formes abrégées ; elles ne sont autre chose que les débris des pronoms séparables, qui, ne pouvant se constituer en termes indépendants, se joignent, comme préformantes ou comme afformantes, aux mots auxquels elles se rapportent.
Il y a deux espèces de pronoms inséparables : les pronoms sujets, employés dans la conjugaison verbale, et les pronoms compléments du verbe, du nom et des particules. Et même, les pronoms sujets se subdivisent ; il y a en effet des formes particulières pour la conjugaison du parfait et d’autres pour la conjugaison de l’imparfait.
  1. 125.B. Pronoms sujets au parfait
  1. Au parfait, les pronoms sujets sont des désinences et représentent les finales des pronoms complets auxquels ils se rattachent ; ils ont perdu leur syllabe initiale en se fondant avec le [164, b] radical verbal.

  2. La désinence תִּי de la première personne du singulier se rattache au pronom emphatique אָֽנֹכִי, avec substitution du ת au כ [127, cf].

  3. Les désinences נוּ de la première personne du pluriel et תֶּן ,תֶּם ,תְּ ,תָּ des deuxièmes personnes se laissent facilement rapprocher des formes complètes אַתֶּן ,אַתֶּם ,אַתְּ ,אַתָּה ,אֲנַ֫חְנוּ. Devant les suffixes, תְּ est remplacé par תִּי ; תֶּם et תֶּן sont l’un et l’autre remplacés par תּוּ. Il est facile de reconnaître en ces formes les voyelles primitives des pronoms complets. Dans תּוּ, la consonne finale disparait, de même que, dans les noms, le ם du pluriel absolu est supprimé devant les suffixes : דְּבָרִים paroles, דְּבָרֶ֫יךָ tes paroles.

  4. La désinence de la troisième personne du singulier au féminin n’est pas d’origine pronominale [165]. Au pluriel on a pour les deux genres וּ. dans lequel il faut reconnaître la voyelle primitive de הֵן ,הֵם [123, c & d]. Au lieu de וּ, on rencontre une forme emphatique וּן.
  1. 126.C. Pronoms sujets à l’imparfait
  1. Il y a deux séries de particules dérivées des pronoms : Les unes indiquent la personne, elles précèdent le radical et correspondent plutôt au début des pronoms séparés ; les autres indiquent, pour certaines personnes, le genre et le nombre ; ce sont des désinences équivalentes à celles des pronoms séparés.

  2. La première personne est caractérisée au singulier par la préformante א, début du pronom אֲנִי ; au pluriel par la préformante נ, élément essentiel du pronom אֲנוּ. Il n’est besoin de rien de plus pour distinguer le pluriel du singulier.

  3. La deuxième personne est caractérisée, au singulier et au pluriel, par la préformante ת, élément essentiel des pronoms séparés de la deuxième personne.
    Tandis que le singulier masculin n’a aucune désinence, on a pour le féminin une désinence -ִי qui n’est autre chose que la finale primitive du pronom אַתְּ [122, c]. On rencontre parfois une désinence emphatique -ִין.
    Au pluriel masculin la désinence est וּ, voyelle primitive de אַתֶּם [122, d]. On rencontre aussi וּן.
    Au pluriel féminin, la désinence נָה est la finale du pronom אַתֵּ֫נָה. Devant les suffixes, on a וּ, comme au masculin ; la finale נָה a disparu et l’on voit reparaître la voyelle primitive qui, dans le pronom isolé, est altérée en ē [122, e].

  4. les préformantes des troisièmes personnes ne sont pas d’origine pronominale [175, b & c]. Tandis qu’au singulier, il n’y a pas de désinences caractéristiques du genre, les désinences וּ (emphatique וּן) et נָה du pluriel ont une origine analogue à celles de la deuxième personne.
    Remarque : Comme l’impératif n’a que des deuxièmes personnes, il n’a pas besoin de préformantes ; mais les désinences sont les mêmes qu’à l’imparfait.
  1. 127.D. Pronoms compléments
  1. Ces nouveaux débris des pronoms personnels sont toujours placés à la fin du mot et portent le nom de suffixes pronominaux. Ils sont employés :
    1. comme compléments directs du verbe : קָטַל il a tué, קְטָלוֹ il l’a tué.
    2. comme compléments du nom ;ils jouent alors le rôle de pronoms possessifs et désignent :
      1. tantôt le sujet qui possède l’objet indiqué par le nom : סוּס cheval, סוּסִי mon cheval ;
      2. tantôt le sujet qui subit l’action ou l’état exprimés par le nom : יִרְאָה crainte, יִרְאָתִי ma crainte, c’est à dire la crainte que je ressens ;
      3. tantôt le sujet qui produit l’objet ou l’état exprimés par le nom : יִרְאָתִי ma crainte, c’est à dire la crainte que j’inspire ;
    3. comme compléments des particules, surtout des prépositions : בִּי en moi, לוֹ à lui, הִנְנִי (de הִנֵּה) me voici.

  2. La première personne singulier a deux formes : -ִי avec les noms, נִי avec les verbes ; ces deux formes se rattachent à la finale du pronom אֲנִי. Au pluriel, נוּ est la finale de אֲנַ֫חְנוּ.

  3. À la deuxième personne les pronoms כֶן, כֶם, ךְ, ךָ ne sont autre chose, abstraction faite de la substitution du כ au ת, que le pronom complet débarrassé de l’élément démonstratif אנ. L’étude des pronoms complets fournit aussi l’explication des formes plus rares : כָה (variante orthographique de ךָ), כִי (forme primitive par rapport à ךְ), כָ֫נֶה (forme emphatique de כֶן).
    N.B. : La substitution du כ au ת dans ces suffixes, de même que la substitution du ת au כ dans la désinence תִּי dérivée de [B. Pronoms sujets au parfait b)] 42אָֽנֹכִי, trouve son explication la plus naturelle dans cette hypothèse, qu’à l’origine ces pronoms avaient deux formes, l’une en כ, l’autre en ת.

  4. À la troisième personne
    1. la forme fondamentale du singulier masculin est הוּ (sur l’origine de וֹ et הֹ, cf. 187b), qui est une réduction du pronom complet הוּא.
    2. La forme fondamentale du singulier féminin est הָ (sur l’origine de -ָהּ que le mapiq distingue de la désinence féminine -ָה, cf. 187b) ; la voyelle ā remplace la voyelle î du pronom 52הִיא.
    3. La forme fondamentale du pluriel masculin est הֶם, presque identique au pronom complet הִם ;la forme ם en est une abréviation (cf. 187b) ; on rencontre aussi la forme poétique מוֹ ; sa voyelle est de même nature que celle qui termine le pronom complet הֵ֫מָּה.
    4. Au pluriel féminin, la forme fondamentale הֶן, les formes emphatiques rares en נָה ou הְנָה, se rattachent aisément au pronom séparable הִן ou הֵ֫נָּה ; la forme ן en est une plus grande réduction.
    N.B. : toutes ces formes de la troisième personne s’emploient assez indifféremment avec les verbes et avec les noms ; mais les voyelles et même les consonnes (נ épenthétique) de liaison (cf. 187, 191, 194) introduisent souvent des différences très sensibles.

II. - Pronoms démonstratifs ; article

§ I. - Pronoms démonstratifs

  1. 128.A. Pronoms personnels employés comme démonstratifs
Les pronoms personnels de la troisième personne הֵ֫נָּה ,הֵם ,הִיא ,הוּא, sont souvent employés comme démonstratifs ; ils désignent les personnes ou les choses dont on a déjà parlé, ou qui sont absentes ou éloignées ; leurs équivalents sont αὑτός, ἑκεῖνος, is, ille, celui-là, celle-là : הוּא אֲדֹנִי, celui-là est mon maître.
  1. 129.B. Pronoms démonstratifs proprement dits
  1. Formes usuelles
    Le pronom démonstratif proprement dit s’emploie surtout pour les personnes ou pour les choses dont on va parler, ou qui sont présentes ou rapprochées ; il correspond à ὃδε, à hic, à celui-ci, celle-ci : זֶה אֲדֹנִי, celui-ci est mon maître.
    Il présente trois formes : זֶה, celui-ci, pour le masculin singulier ; זֹאת, celle-ci, pour le féminin singulier ; אֵ֫לֶּה , (parfois אֵל) ceux-ci, celles-ci, pour le pluriel aux deux genres.
    Dans les pronoms du singulier, l’élément essentiel est le 62ז ; la voyelle é du masculin paraît atténuée de a27 et le ה est simplement mater lectionis ; au féminin, la voyelle ô est une altération de â28, l’א paraît n’être qu’une mater lectionis et le ת est une désinence féminine.
    Le pronom du pluriel n’a rien de commun avec celui du singulier29 ; le ל est ici l’élément essentiel30.

  2. Formes rares Il faut noter :
    - זוֹ et זֹה, variantes de זֹאת, avec chute du ת et subtitution des matres lectionis ה et ו à א pour la voyelle ô ;
    - הזאתה, avec le ה du féminin et l’article (Jérémie xxvi, 6 ketiv) ;
    - הַלָּזֶה, masculin et הַלֵּ֫זוּ, féminin, employé seulement dans Ézéchiel xxxvi, 35, ainsi que הַלָּז, masculin et féminin ; dans ces formes, les deux éléments démonstratifs ז et ל sont réunis, le ה représente l’article ;
    - זוּ pronom invariable, qui se rattache aux pronoms démonstratifs quand à sa formation, mais qui est le plus souvent employé comme relatif ; on le trouve surtout en poésie.
  1. 130.Remarques
1° La différence entre הוּא, employé comme démonstratif, et זֶה est bien mise en relief dans Juges vii, 4 :
« Et il arrivera : Celui dont je te dirai "Que celui-ci (זֶה) aille avec toi", celui-là (הוּא) ira avec toi ; et quiconque dont je te dirai : "Que celui-ci (זֶה) n’aille pas avec toi", celui-là (הוּא) n’ira pas. »

2° Le pronom אֵל n’est employé que neuf fois, huit dans le Pentateuque et une fois dans Chroniques 1, xx, 8.

3° Ces pronoms peuvent être gouvernés par un état construit : עֵינֵי אֵ֫לֶּה, les yeux de ceux-ci (Rois II, vi, 20). Ils peuvent être précédés des préfixes ou particules du datif ou de l’accusatif : לֶזֶה à celui-ci (Samuel I, xxi, 12), אֶת־זֶה (ou, sans particule, זֶה) celui-ci (accusatif), etc.

4° Ces pronoms peuvent aussi être employés comme adjectifs démonstratifs ; dans ce cas, ils suivent généralement le nom qualifié et prennent l’article הַיּוֹם הַזֶּה ce jour-ci. (הָאֵל ,הָאֵ֫לֶּה ,הַזֹּאת ,הַזֶּה) Il en est de même du pronom personnel הַיּוֹם הַהוּא ce jour-là. (הָהֵ֫נָּה ,הָהֵם ,הַהִיא ,הַהוּא)

5° Le démonstratif זֶה est souvent employé en poésie pour le pronom relatif : מְקוֹם זֶה יָסַ֫דְתָּ, l’endroit que tu as fixé (Psaumes, civ, 8). On l’emploie aussi comme adverbe, dans le sens de ici, ,  : הִנֵּה זֶה, voici, là… ; dans le sens de maintenant, déjà : זֶה פַֽעֲמַיִמ, déjà deux fois. Enfin on s’en sert parfois pour renforcer une interrogation : וּמַה־זֶּה תֹּאמְרוּ אֵלַי, et qu’est-ce que vous me dites ? (Juges, xviii, 24).

§ II. - L’article

  1. 131.Idée générale
L’article ne forme pas, en hébreu, un mot indépendant ; c’est une simple lettre ה que l’on joint comme préfixe au mot à déterminer ; en général le ה prend la voyelle a bref, et la première consonne du mot auquel on le préfixe se redouble : דָּבָר parole ; הַדָּבָר la parole.
Le redoublement qui suit l’article est regardé par beaucoup de grammairiens comme la compensation d’une lettre disparue31 ; cf. la particule מִן de, et le préfixe מִ.
  1. 132.Remarques
On supprime le signe du redoublement dans certaines consonnes lorsqu’elles ont un simple sheva [50, α, β], à savoir :
  • dans le צְ : הַֽצְפַרְדְּעִים, (Exode vii, 29) les grenouilles (on a toutefois הַצְּפַרְדֵּעַ, Exode viii, 2) ;
  • dans le מְ : הַֽבַקְשִׁים (Exode iv, 19) ceux qui recherchent, à moins que le מְ ne soit suivi de ה, ע ou ר munis d’une voyelle longue : הַמְּעָרָה (Genèse xlix, 29) la caverne ; mais au Psaumes civ, 3 on a הַֽמְקָרֶה (le מְ étant suivi d’une consonne autre que ה, ע, ר) celui qui bâtit, et הַֽמְהַלֵּךְ (le מְ étant suivi d’un ה voyellé a bref) celui qui s’avance ;
  • dans le יְ : הַיְאוֹר le Nil, à moins que le יְ ne soit suivi de ה ou de ע : הַיְּהוּדִים les Juifs, הַיְּעֵפִים les fatigués ; on a toutefois כַּיְעֵנִים comme les autruches Lamentations iv, 3, qeré.
Comme ces lettres demeurent virtuellement redoublées, la voyelle de l’article ne subit aucun changement.

Les gutturales א, ה, ח, ע et le ר ne prennent pas le daguesh ; mais comme ces consonnes ne sont pas au même degré inaptes au redoublement (56), la vocalisation de l’article varie devant chacune d’elles.
  1. La voyelle a bref demeure :
    1. à peu près constamment devant le ח non voyellé ou  : הַחֹדֶשׁ le mois, mais aussi הַחָכְמָה la sagesse ;
    2. à peu près constamment devant le ה non voyellé ָ : הַהוּא celui-là ;
    3. en quelques cas très rares devant le ע non voyellé ָ : הַעִוְרִים (Samuel II v, 6, au moins dans certaines éditions) les aveugles.


  2. La voyelle a bref est remplacée par é bref :
    1. devant le ח voyellé ָ ou ֳ : הֶחָג la fête, הֶחָלָל le tué, הֶֽחֳדָשִׁים les mois ;
    2. devant le ה et le ע voyellés ָ avant la syllabe tonique : הֶֽהָרִים les montagnes, הֶעָוֹן l’iniquité.


  3. La voyelle a bref est remplacée par a long :
    1. en quelques cas très rares devant ח non voyellé ָ ou ֳ : הָחַי (Genèse vi, 19) le vivant, הָחַמָּנִים (Isaïe xvii, 8) les piliers solaires ;
    2. en quelques cas très rares devant le ה non voyellé ָ : הָהֵם, הָהֵ֫מָּה ceux-là ;
    3. à peu près constamment devant le ע non voyellé ָ : הָעֶֽבֶד le serviteur, הָֽעֳמָרִים les gerbes ;
    4. devant le ה et le ע voyellés ָ dans la syllabe tonique : הָהָר la montagne, הָעָם le peuple ;
    5. toujours devant l’א et le ר : הָאִישׁ l’homme, הָרֹאשׁ la tête.
N.B. Sur l’absorption de la consonne de l’article par les particules ב, כ, ל, cf. 65, B.

III. - Les pronoms relatifs

  1. 133.Idée générale
Le relatif "qui" se présente en hébreu sous deux formes.
  1. Le plus souvent, il constitue un mot indépendant : אֲשֶׁר, qui est absolument invariable.
    L’origine de ce mot est tout à fait incertaine32.

  2. En d’autres cas, le relatif est réduit à une simple particule préfixe שׁ.
    Ce préfixe est généralement voyellé é bref (quatre fois a bref : Juges v, 7, bis ; Job xix, 29 ; Cantique i, 7) et entraîne le redoublement de la consonne qui suit : שֶׁיֹּרֵד (Psaumes cxxxiii, 2) qui descend. Après cette particule, les gutturales sont virtuellement redoublées et la voyelle é bref demeure : שֶֽׁאֲנִי (Ecclésiaste ii, 18) que moi, שֶֽׁעַל (Juges vii, 12) qui est sur ; on a deux fois שְׁ devant הוּא (Ecclésiaste ii, 22) et הֶם (ibid. iii, 18) et une fois שָׁ devant א (Juges vi, 17).
Un certain nombre de grammairiens rattachent שֶׁ à אֲשֶׁר, dont l’א (prosthétique ?) aurait disparu et dont le ר serait assimilé33.
  1. 134.Remarques
Le pronom שֶׁ est d’un emploi moins fréquent que אֲשֶׁר ; on le trouve surtout dans des documents récents : Ecclésiaste, divers Psaumes. Dans certains autres documents (Cantique de Déborah, Juges V, Cantique des cantiques, etc.) il parait une particularité dialectale de l’hébreu parlé dans le nord de la Palestine.

אֲשֶׁר et שֶׁ ne sont pas, à proprement parler, des pronoms ; ce sont plutôt des relatifs, au sens le plus large du mot, de véritables conjonctions répondant à notre que. Aussi ne jouent-ils, à vrai dire, le rôle ni de sujet ni d’objet.
  1. Lorsque le pronom qui est sujet, les mots אֲשֶׁר ou שֶׁ devraient, en principe, être complétés par un pronom personnel exprimant la personne, le genre et le nombre du sujet :
    כָּל־רֶ֫מֶשׂ אֲשֶׁר־הוּא חַי (Genèse ix, 3) tout reptile qui, lui, est vivant
    אֲנִי יהוה אֲשֶׁר הוֹצֵאתִ֫יךָ מֵאוּר כַּשְׂדִּים (Genèse xv, 7) je suis l’Éternel qui t’ai fait sortir d’Ur des Chaldéens
    Le plus souvent toutefois ce pronom est supprimé :
    הַדָּבָר אֲשֶׁר הָיָה אֶל־יִרְמְיָהוּ (Jérémie xi, 1) la parole qui fut [adressée] à Jérémie

  2. Lorsque ce pronom que est complément, אֲשֶׁר est complété par un pronom exprimant la personne, le genre et le nombre du sujet :
    הַנָּבִיא אֲשֶׁר שְׁלָחוֹ יהוה (Jérémie xxviii, 9) le prophète que L’Éternel a envoyé
    Toutefois ce pronom est souvent supprimé :
    הַדָּבָר אֲשֶׁר דִּבֶּר יהוה (Jérémie x, 1) la parole qu’a dite L’Éternel

  3. Les formes obliques : dont, à qui, par qui, en qui, de qui, etc. se rendent par : que … de lui, à lui, par lui, etc. ; le plus souvent, le pronom qui complète אֲשֶׁר vient à une certaine distance dans la suite de la phrase. Exemple :
    גּוֹי אֲשֶׁר לֹא־תִשְׁמַע לְשֹׁנוֹ (Deutéronome xxviii, 49) une nation dont tu n’entendras pas la langue
    Exceptions très rares : עִם אֲשֶׁר (Genèse xxxi, 32) avec qui, etc.

  4. De même, les conjonctions , d’où, etc. se traduisent par que … là, que … de là, etc. :
    אֲשֶׁר־שָׁם הזָּהָב (Genèse ii, 11) [le pays de Havila] où il y a l’or
    הַמָּקוֹם אֲשֶׁר נָבוֹ שָׁ֫מָּה (Genèse xx, 13) le lieu où nous entrerons
    הָֽאֲדָמָה אֲשֶׁר לֻקַּח מִשָּׁם (Genèse iii, 23) la terre d’où il a été pris
    Parfois on se contente de les rendre par que tout court :
    בַּמָּקוֹם אֲשֶׁר־דִּבֶּר אִתּוֹ (Genèse xxxv, 13) à l’endroit où il avait parlé avec lui
    On trouve aussi : בַּאֲשֶׁר (lieu où l’on est) ; אֶל־אֲשֶׁר (lieu où l’on va) ; מֵֽאֲשֶׁר d’où; עַל אֲשֶׁר (Rois I xviii, 12) sur [l’endroit] que ; כַּֽאֲשֶׁר comme. Exemple :
    קְחוּ לָכֶם תֶּבֶן מֵֽאֲשֶׁר תִּמְצָ֑אוּ (Exode v, 11) prenez pour vous de la paille de [l’endroit] où vous en trouverez
Le relatif renferme souvent le pronom démonstratif celui, celle, ce :
וְרִחַמְתִּי אֶת־אֲשֶׁר אֲרַחֵם (Exode xxxiii, 19) j’aurai pitié de celui dont j’aurai pitié
וְהוֹרֵיתִ֫יךָ אֲשֶׁר־תְּדַבֵּֽר (Exode iv, 12) je t’enseignerai ce que tu diras
Il en est le plus souvent ainsi quand אֲשֶׁר est précédé d’un préfixe ב, ל, etc. ou du signe de l’accusatif אֵת.

On supprime souvent le relatif lorsqu’on peut le faire sans nuire à la clarté de la phrase :
וַיִּפֹּל בְּשַׁ֫חַת יִפעָֽל (Psaumes vii, 16) il est tombé dans la fosse qu’il avait faite

IV. - Les pronoms interrogatifs

  1. 135.— Il y a en hébreu deux séries de pronoms interrogatifs :
A. Première série La première, de beaucoup la plus commune, renferme deux pronoms :
  1. מִי pour les personnes, quels qu’en soient le genre et le nombre,
    - soit dans le sens du pronom indéfini qui :
    מִי־הָאִישׁ הַלָּזֶה (Genèse xxiv, 65) qui [est] cet homme ?
    - soit dans le sens du pronom défini quel :
    מִי־גוֹי גָּדוֹל (Deutéronome iv, 7) quel [est le] grand peuple ?
    Il s’emploie aussi pour les choses, par exemple pour certains noms collectifs, qui évoquent l’idée de personnes, et généralement dans le sens de quel :
    וּמִי בֵיתִי (Samuel II vii, 18) et quelle [est] ma maison (c.-à-d. ma famille) ?

  2. מֶה ,מַה ,מָה, pour les choses, quels qu’en soient le genre et le nombre,
    - soit dans le sens du pronom indéfini quoi, que :
    מָֽה־אֲדַבֵּר (Isaïe xxxviii, 15) que dirai-je ?
    - soit dans le sens du pronom défini quel :
    מַה־פִּשְׁעִי (Genèse xxxi, 36) quel [est] mon péché ?
    מַה־בֶּצַע (Genèse xxxvii, 26) quel profit ?
    Il s’emploie aussi pour les personnes quand on s’enquiert de leur qualité :
    מַה הָֽעִבְרִים הָאֵ֫לֶּה (Samuel I xxix, 3) que [sont] ces hébreux ?
    Devant les adjectifs, מָה veut dire combien et généralement dans le sens d’une exclamation :
    מַה־נּוֹרָא (Genèse xxviii, 17) combien terrible !
Dans les pronoms מִי, מָה, מַה, מֶה, l’élément essentiel est le 43מ. Dans מִי on peut voir les débris d’une forme 53מָן, dont la consonne finale aurait disparu, et dont la voyelle a se serait atténuée en i. Quant à מָה, il serait dérivé d’une forme מָנְת, mant36, féminine par rapport à מָן ; le נ se serait assimilé au ת (מָת) qui aurait fini par disparaître de la prononciation et de l’orthographe comme dans la désinence des noms féminins (284, c) ; cette forme féminine aurait été adoptée pour le neutre (cf. Wright, Lectures on the Comparative Grammar etc., p. 123 & suivantes) ; les formes מַה et מֶה seraient des atténuations et des dérivations de מָה.
  1. 136.Remarques
1° Vocalisation du pronom מָה
  1. Lorsque le pronom interrogatif est isolé du mot qui le suit par un accent disjonctif, il est vocalisé מָה ou מֶה, surtout à une certaine distance de la pause ; à la pause, on a toujours מָה.

  2. Lorsque le pronom interrogatif est relié au mot suivant par un simple accent conjonctif, il est vocalisé מָה ou מֶה, surtout à une certaine distance de la pause, quand la consonne qui suit n’est pas une gutturale ; si cette consonne est une gutturale, les règles sont à peu près les mêmes que pour les cas où le pronom est suivi du maqef.

  3. Lorsque le pronom interrogatif est relié au mot suivant par le maqef, sa vocalisation est soumise à peu près aux mêmes règles que celles de l’article (131, 132) :
    1. On a מַה avec redoublement de la consonne suivante (131, 132, 1), même de יְ et de מְ, devant toutes les consonnes non gutturales :
      מַה־שְּׁמוֹ (Exode iii, 13) quel est son nom ?
      En certains cas, le lien devient plus étroit entre מַה et le mot qui suit :
      מַלָּכֶם (Isaïe iii, 15) qeré : מַה לָּכֶם qu’avez-vous ?
    2. On a généralement מַה sans le redoublement devant ה et ח non voyellés a long :
      מַה־חֶפְצוֹ (Job xxi, 21) quel [est] son intérêt ?
      וְאַהֲרֹן מַה־הוּא (Nombres xvi, 11) et Aaron, qu’est-il ?
    3. On a מֶה
      1 - d’une manière ordinaire devant ה, ח, ע voyellés a long :
      מֶה־חָדֵל אָנִי (Psaumes xxxix, 5) combien je suis éphémère
      2 - parfois même munis d’une autre voyelle (a, o bref ou long) :
      מֶה־הֹוֶה לָאָדָם (Ecclésiaste ii, 22) qu’en est-il pour l’homme ?
    4. On a מָה
      1 - d’une manière ordinaire devant א et ר :
      מָה־אֵ֫לֶּה (Zacharie i,, 9) que [sont] ceux-ci ?
      וּמָה־רָאוּ (Esther ix,, 26) et ce qu’ils ont vu
      2 - de même devant ע non voyellé a long :
      מָ֤ה עַבְדְּךָ (avec un simple accent conjonctif, Rois II viii, 13) qu’est ton serviteur ?
      3 - parfois devant ה non voyellé a long, surtout devant les pronoms הֵ֫נָּה ,הֵן ,הֵ֫מָּה ,הֵם  :
      מָהֵם עֹשִׂים, qeré מָה הֵם Ézéchiel viii, 6, ce qu’ils sont en train de faire.
      De même, toujours devant le ה article.
  1. 137.2° Pronoms interrogatifs compléments
Les pronoms מִי et מָה peuvent être employés comme sujets, mais aussi :
  1. comme compléments d’un nom :
    בַּת־מִי אַתְּ (Genèse xxiv, 23) la fille de qui [es-]tu ?
    וְחָכְמַת מֶה לָהֶם (Jérémie viii, 9) et quelle sagesse ont-ils ?

  2. comme compléments directs du verbe. Dans ce cas מִי est toujours précédé de אֵת :
    אֶת־מִי אֶשְׁלַח (Isaïe vi, 8) qui enverrai-je ?
    au contraire מה ne prend pas cette particule :
    מֶה עָשִׁ֫יתָ (Genèse iv, 10) qu’as-tu fait ?

  3. comme compléments des prépositions :
    לְמִי־אַתָּה (Genèse xxxii, 18) à qui [es-]tu ?
    Le pronom מה prend souvent alors la voyelle é :
    יַעַן מֶה (Haggaï i, 9) à cause de quoi ?

  4. avec la particule ב, on a בַּמֶּה (בַּמָּה à la pause et devant א) ; une fois בְּמֶה (Ecclésiaste iii, 22) par quoi ?

  5. avec la particule כ, on a כַּמָּה combien ? et aussi כַּמֶּה, surtout quand le pronom est éloigné de la pause et étroitement uni par le sens au mot qui suit, cf. Rois I xxii, 16.

  6. avec la particule ל, la forme ordinaire est לָֽמָּה pourquoi ?
    Devant les gutturales א, ה, ע (deux fois devant d’autres lettres : Psaumes xlii, 10 et xliii, 2) on a plus souvent לָמָה ; on trouve une fois לָמָה (Job vii,, 20) et une fois לָמֶה (I Samuel i, 8). Le redoublement du מ a pour but de rendre plus sensible la syllabe qui précède (49, b, bb).
  1. 138.3° Renforcement
Les pronoms מִי et מָה sont souvent renforcés par les démonstratifs זֶה et זֹאת :
מִי־זֶה בָּא (Isaïe lxiii, 1) qui [est] celui qui vient ?
מַה־זֶּה מִהַ֫רְתָּ לִמְצֹא (Genèse xxvii,, 20) comment as-tu si vite trouvé ?
À noter une fois מַזֶּה qeré מַה־זֶּה (Exode iv, 2).
De même : מִי־הוּא (Isaïe l, 9) et מִי הוּא זֶה (Psaumes xxiv, 10 ; Jérémie xxx, 21).
4° Emploi comme pronoms indéfinis Les pronoms interrogatifs מִי et מָה sont souvent employés comme pronoms indéfinis dans le sens de quiconque, qui que ce soit, tout ce que, quoi que ce soit :
מִי־יָרֵא וְחָרֵד יָשֹׁב (Juges vii, 3) que celui qui craint et a peur s’en retourne
מִי אֲשֶׁר חָֽטָא־לִי (Exode xxxii, 33) quiconque aura péché contre moi… (אֲשֶׁר complète מִי)
וּבַל־יָדְעָה מָּה (Proverbes ix, 13) et elle ne sait rien du tout
  1. 139.B. Seconde série
On trouve quelquefois en hébreu une particule 73אֵי employée dans le sens du pronom interrogatif quel ; elle est toujours accompagnée de זֶה, זֹאת :
אֵי־זֶה הַדֶּרֶךְ נַֽעֲלֶה (Rois II iii, 8) quel chemin gravirons-nous ?
Cas obliques :
אֵי לָזֹאת אֶסְלַח־לָֽךְ (Jérémie v, 7, qeré) pourquoi te pardonnerais-je ?
וְאֵי־מִזֶּה עַם אָֽתָּה (Jonas i, 8) et de quel peuple [es-]tu ?
Ces locutions sont particulièrement employées pour les questions de lieu où ? d’où ?

1. Cf. en arabe et en éthiopien ’ana, en syriaque ’énâ’.
2. On retrouve cette finale dans le pronom suffixe première personne singulier ya de l’arabe, de l’éthiopien et de l’assyrien.
3. Cf. les exemples donnés dans la note 1.
4. Cf. en assyrien anâku. L’hébreu est la seule langue sémitique où l’on rencontre simultanément les deux formes.
5. C’est ce qui paraît résulter de la forme du pronom assyrien.
6. Cette forme paraît être sans parallèle dans les langues sémitiques.
7. Cf. en assyrien anîni et anînu pour anihni et anihnu, nîni et nînu pour nîhni et nîhnu ; en syriaque henan (rare ’anahnan) ; en arabe nahnu ; en éthiopien néhna.
8.Ce נ se fait entendre en arabe et en éthiopien ; en syriaque, il est écrit, mais ne se fait plus entendre ; en assyrien, il y a assimilation comme en hébreu.
9. Cf. en assyrien atta, en arabe et en éthipien ’anta.
10. Si ce n’est pas une simple faute d’orthographe, cette forme est à rapprocher de la forme syriaque ’a[n]t, dans laquelle la voyelle finale ne se fait plus entendre.
11. Cf. en assyrien atti, en arabe et en éthiopien ’anti.
12. En syriaque le י est encore écrit, mais la voyelle ne se fait plus entendre.
13. Cf. en assyrien attunu, en arabe ’antum, en araméen ’a[n]tun.
14. Il en est de même en éthiopien : ’antemmu.
15. Cf. en arabe ’antunna.
16. Cf. en syriaque ’a[n]tén, en éthiopien ’anten.
17. Il en est ainsi dans la plupart des langues sémitiques ; en assyrien le ה est remplacé par un שׁ.
18. Cf. en assyrien šu, en syriaque hu.
19. Cf. en assyrien ši, en syriaque hi.
20. Cf. en arabe huwa, hiya, en éthiopien les formes plus compexes we’étu, ye’éti, et en assyrien la forme šuašu.
21. Cf. en arabe hum (en assyrien on a šunu) ; de même, en syriaque, la forme hun (hon) du pronom suffixe.
22. Cf. en arabe hunna.
23. Cf. en assyrien šina ; de même en syriaque la forme hén du suffixe.
24. Ces substitutions se produisent de la même manière dans presque toutes les langues sémitiques. En éthiopien, toutefois, la désinence de la première personne singulier du parfait est ku, avec un כ au lieu du ת. Il en est de même dans le permansif assyrien.
25. Il en est de même dans les autres langues sémitiques, sauf en assyrien où l’on a ši avec les verbes, mais ša avec les noms.
26. Cet élément se retrouve en éthiopien ; au lieu de la sifflante, on a, en arabe, un ذ dh ; en araméen, un [114, exemples, b, β] d.
27. Cf. en arabe ذَا dha ; en éthiopien, ze au nominatif, mais za à l’accusatif.
28. Cf. en arabe la forme tâ, à côté de dhî ; en éthiopien, zâ ; en araméen, dâ, etc.
29. La même différence se remarque en arabe, en éthiopien, en araméen, en syriaque, etc.
30. Cf. en arabe ´ulay, en éthiopien 'ellû, en araméen 'illé[y]n, en syriaque hâllé[y]n.
31. La consonne assimilée serait un ל d’après la plupart des grammairiens, qui rapprochent l’article hébreu de l’article ’al de l’arabe ; ce serait un ן d’après M. Halévy, qui rapproche l’article hébreu d’une forme post-positive en הן usitée dans certains dialectes de Safa (cf. Études sabéennes, dans le Journal asiatique, 1872, janvier-juin, p. 434 & suiv.)
32. Ce pronom n’a aucune forme parallèle dans les autres langues sémitiques.
33. On pourrait aussi le rapprocher des autres relatifs sémitiques : ša de l’assyrien ; dhi qui constitue avec l’article le pronom arabe الذي ’alladhi ; za de l’éthiopien ; puis, avec la dentale au lieu de la sifflante, di de l’araméen biblique et enfin ܕ d, préfixe du syriaque.
34. Le même élément se retrouve dans la plupart des autres langues sémitiques.
35. Cf. en assyrien, mannu et manu ; en araméen biblique et en syriaque, man ; en arabe, man et manu ; en éthiopien, mannu.
36. Cf. en arabe, le féminin mant ou manah à côté du neutre ma ; en éthiopien, le neutre ment.
37. Ce thème de formation joue un rôle plus important dans les autres langues sémitiques ; mais il fournit surtout des pronoms définis (quel ? quelle ?) : assyrien ayu ; arabe ’ayyu ; éthiopien ’ay ; syriaque ’ayna, féminin ’ayda.