PREMIÈRE PARTIE : ÉCRITURE ET PHONÉTIQUE

CHAPITRE PREMIER

ÉCRITURE

I. - Les consonnes

§ I. - Alphabet

  1. 1.Préliminaires.
L’hébreu appartient à la famille des langues dites "sémitiques" et plus spécialement à ce groupe hébréo-chanaanéen qui renferme, avec la langue biblique, tous les idiomes palestiniens : phénicien, ammonite, moabite, édomite, dialectes philistins, etc. La parenté de l’hébreu avec ces langues se manifeste dès la constitution même de l’alphabet.
  1. 2.Caractère alphabétique de l’écriture hébraïque.
Comme celles de la plupart des langues sémitiques, l’écriture hébraïque est alphabétique. De plus — et c’est un des traits par lesquels ces langues se distinguent le plus complétement des nôtres — cette écriture ne tient compte que des consonnes.
  1. 3.Nombre des lettres.
Parmi les diverses articulations primitives, l’alphabet hébreu, ainsi que les autres alphabets sémitiques, ne distingue que vingt-deux consonnes fondamentales. Mais il est probable que, dès l’origine, plusieurs de ces consonnes avaient, selon les cas, des prononciations sensiblement différentes (cf. 7, a, (3). On sait d’ailleurs que l’une de ces consonnes, la lettre Shin, a été de très bonne heure dédoublée.
  1. 4.Forme des lettres.
Comme tous les alphabets sémitiques et indo-européens, l’alphabet hébreu se rattache, pour la forme des lettres, au vieil alphabet phénicien, et, par lui, à, l’écriture hiératique des Égyptiens. Il se présente à nous sous quatre formes :
  1. L’écriture phénicienne ou israélite.
— Le plus ancien document de cette écriture est l’inscription de Siloé, découverte en 1880 dans le tunnel qui passe sous la colline de l’Ophel à Jérusalem et qui relie la piscine dite de la Vierge à la piscine de Siloé ; cette inscription remonte au viiie siècle av. J.-C., aux temps des rois Ozias ou Ézéchias. On retrouve encore cette écriture sur les médailles des Macchabées et des princes Asmonéens. — Cet alphabet se rattache très étroitement soit à l’écriture moabite telle qu’elle nous est connue par la stèle du roi Mesha (vers 850 av. J.-C.), soit à l’écriture sidonienne telle que nous la voyons sur la tombe du roi Eshmunazar (ve siècle av. J.-C.). C’est bien l’antique écriture phénicienne, le prototype de nos alphabets.
  1. L’écriture araméenne ou assyrienne ou encore carrée.
— Cette écriture, qui supplanta peu à peu l’ancien caractère, d’abord dans les transactions commerciales, puis dans la rédaction du texte sacré lui-même, est dite carrée à cause de sa forme générale. Elle dérive d’ailleurs de l’ancien alphabet phénicien par une série de déformations, dont les principaux agents paraissent avoir été les tribus araméennes si nombreuses en Babylonie à l’époque de la captivité ; de là le nom d’écriture araméenne qui lui a été souvent donné. Enfin on l’appelle assyrienne, parce que l’introduction de ce caractère dans la Palestine est attribuée aux captifs revenus d’Assyrie et de Chaldée. Cette écriture a pris peu à peu la place de l’ancien alphabet phénicien et c’est dans ce caractère que sont rédigés tous les manuscrits de la Bible renfermés dans nos musées et nos bibliothèques ; c’est aussi cette écriture qui figure aujourd’hui dans toutes les bibles imprimées.
  1. L’écriture samaritaine.
— Ce caractère se rattache, de beaucoup plus près que l’hébreu carré, à l’ancien alphabet phénicien dont il ne diffère guère que par quelques enjolivures sans importance. C’est l’écriture de ces anciens Samaritains qui exerçaient leur culte sur le mont Garizim et dont il ne reste plus aujourd’hui que quelques familles en voie de s’éteindre. Le Pentateuque samaritain et le Targum samaritain du Pentateuque sont les principaux documents rédigés en cet alphabet.
  1. L’écriture rabbinique.
— Dérivé de l’écriture carrée et beaucoup plus cursif, cet alphabet est employé dans la transcription du Talmud (surtout de la Ghemara), dans nombre de documents se rattachant à la liturgie des synagogues, etc.
  1. 5.Remarques.
  1. Noms des lettres hébraïques.
A. La traduction grecque des Lamentations est le document le plus ancien qui nous fasse connaître les noms des lettres hébraïques. Pour plusieurs d’entre elles, les manuscrits renferment beaucoup de variantes, ainsi qu’on pourra en juger : ἄλεφ (אA ἄλφ) ; βήθ ; γίμελ (AQ γίμλ) ; δάλεθ (א δέλεθ, A δέλτ, Q δέλθ) ; ἤ ; οὐαύ ; ζάιν (אAQ ζαί, Qmg ζή) ; ἤθ ; τήθ ; ἰώθ (א ἰώδ) ; χάφ ; λάμεδ (אAQ λάβδ, Qmg λάμδ, ailleurs encore λάβεδ, λάμβδ) ; μήμ ; νούν (א νούμ) ; σάμχ ; ἄιν ; φή ; τιαδή (Bb אAQ σαδή) ; κώφ ; ῥήχς (אAQ ῥής) ; χσέν (AQ σέν) ; θαύ.
Dans leur ensemble toutefois, ces noms sont pareils à ceux qui étaient en usage chez les rabbins du Moyen Âge.

B. Ces noms sont d’origine sémitique. On les a substitués aux noms égyptiens des signes hiératiques en se conformant au principe dit d’acrologie : on a choisi, parmi les noms des objets auxquels les caractères paraissaient ressembler davantage, celui qui commençait par la consonne à désigner. Ainsi le premier signe de l’alphabet hiératique ahom, s’appelait ahôm parce qu’il dérivait de l’idéogramme 𓄿 de l’aigle (en égyptien ahôm) ; vu de face, le premier signe de l’alphabet hébreu archaïque (𐤀) a paru représenter grossièrement la tête d’un bœuf avec ses cornes ; on a choisi pour désigner ce signe le mot אָֽלֶף qui veut dire bœuf. Notons d’ailleurs que le sens de plusieurs de ces noms est incertain, et que souvent ils n’appartiennent pas à l’hébreu classique.

C. Ces noms doivent remonter à une haute antiquité car, pour plusieurs d’entre eux, par exemple pour le Nun, la ressemblance du signe avec l’objet désigné par le nom de la lettre n’est sensible que dans les écritures les plus voisines de l’alphabet hiératique.
  1. Ordre des lettres.
A. L’ordre actuel des lettres de l’alphabet hébreu est très ancien. On peut alléguer comme témoignages de cette antiquité :
  1. l’alphabet grec qui présente les lettres à peu près dans le même ordre ;
  2. les poèmes alphabétiques de l’Ancien Testament (Psaumes ix- x, xxv, xxxiv, xxxvii, cxi, cxii, cxix, cxlv ; Proverbes xxxi, 10-31; Lamentations i- iv). Dans ces poèmes, en effet, l’ordre actuel des lettres est strictement observé ; il n’y a d’exception que pour le ע et le פ dont le rang est parfois interverti.
On ne saurait dire quelles raisons ont déterminé l’ordre adopté.

B. Ces consonnes étaient réparties en deux groupes כ-א et ל-ת et peut-être assez souvent écrites comme il suit.
כ י ט ח ז ו ה ד ג ב א
ל מ נ ס ע פ צ ק ר ש ת
C’est à cette disposition du moins que correspond l’écriture atbash d’après laquelle on remplace chaque consonne d’une des deux lignes par celle qui lui correspond dans la ligne parallèle : ainsi, dans ce système, בָּבֶל deviendra שֵׁשַׁךְ (Jérémie xxv, 26).
  1. Lettres finales.
Cinq lettres de l’alphabet carré — le seul qui doive nous occuper désormais —présentent une forme particulière à la fin des mots : ce sont כ, מ, נ, פ, צ qui deviennent ך, ם, ן, ף, ץ. Pour les consonnes כ, נ, פ, צ, on laisse tomber la tige descendante au-dessous de la ligne, au lieu de la ramener vers la gauche ; quant au ם final, il présente une forme plus fermée que le מ ordinaire.
  1. Direction de l’écriture ; fin des lignes ; consonnes dilatables..
L’hébreu s’écrit et se lit de droite à gauche ainsi que la plupart des autres langues sémitiques :
21 20 19 18 17      16 15      14 13 12 11 10      9 8 7      6 5 4 3 2 1
ם י מ ש ה      ת א      ם י ה ל א      א ר ב      ת י ש א ר ב
Au commencement, Dieu créa le ciel

Les mots sont séparés les uns des autres par un espace blanc qui, dans les manuscrits bien soignés et dans les bibles imprimées, est d’une longueur constante. Toutefois cet espace peut être plus considérable à la fin des lignes ; jamais en effet on ne commence un mot à la fin d’une ligne pour le continuer au début de la ligne suivante. Lorsque les lettres א, ה, ל, ם, ת se trouvent à la fin du mot qui termine la ligne, elles sont susceptibles de se dilater pour remplir en tout ou en partie cet espace blanc ; elles deviennent : , , , , . Dans les manuscrits, ד, כ, ר sont parfois, eux aussi, dilatés.

§ II. - Prononciation des consonnes

  1. 6.A. Les moyens qui nous permettent de connaître la prononciation ancienne des consonnes hébraïques sont :
  1. la manière dont ces mêmes consonnes sont prononcées dans les langues sémitiques encore vivantes. À cet égard, l’arabe, qui a gardé assez parfaitement ses caractères primitifs, est du plus précieux secours. Au contraire, la prononciation de l’hébreu par les Juifs modernes est, en plusieurs points, trop altérée pour qu’on la considère comme un guide sûr ;

  2. les transcriptions anciennes des mots hébreux. On en rencontre :
    1. dans les Septante : pour les noms propres, qui ont été reproduits aussi fidèlement que possible par ces traducteurs grecs ; — et aussi pour un certain nombre de noms communs dont on n’a pas compris le sens et que l’on s’est borné à transcrire ;
    2. dans les fragments qui nous ont été transmis de la seconde colonne des Hexaples d’Origène ;
    3. dans les œuvres de plusieurs Pères grecs et latins qui, outre les noms propres, ont souvent reproduit des mots appartenant au texte sacré. L’autorité de saint Jérôme est particulièrement importante à cet égard, puisque le saint docteur tenait des rabbins juifs eux-mêmes la prononciation des mots qu’il a transcrits ;

  3. enfin les explications fournies par les écrivains juifs du moyen-âge.
Tous ces moyens sont sans doute approximatifs ; ils permettent toutefois, en se fortifiant les uns les autres, de déterminer avec une certitude suffisante la prononciation ancienne des consonnes hébraïques.
  1. 7.B. En se servant de ces moyens d’information on arrive aux résultats suivants :
  1. Il y a correspondance exacte entre un certain nombre de lettres hébraïques et les articulations de nos langues :

    1. Les consonnes ל, מ, נ ont leur équivalent précis dans nos lettres l, m, n.

    2. Il en est de même des muettes ב, ג, ד, כ, פ, ת lorsqu’elles conservent leur prononciation dure primitive (voir 53) : ב, ד, כ, פ, ת correspondent à peu près à nos consonnes b, d, k, p, t. Quant au ג, il a toujours alors le son dur de notre g dans ga ; il ne se prononce jamais comme notre g dans gi.

    3. Le ו et le י perdent souvent leur valeur de consonne (62). Quand ils gardent leur articulation propre, ils ont pour équivalents assez justes soit le w anglais comme dans warrant, soit notre y comme dans yeux.

    4. Les sifflantes méritent une attention particulière. Le ז équivaut assez exactement à notre z, le ס à notre s. C’est à tort qu’on fait correspondre le צ à ts ; c’est plutôt un s ou un ç très dur avec resserrement des dents. Le צ a une double prononciation indiquée par un point diacritique placé tantôt sur l’extrémité droite, tantôt sur l’extrémité gauche de la lettre : שׁ est bien rendu par notre ch tel qu’on le prononce dans le mot chat ; שׂ, qui, en hébreu même, est parfois échangé avec ס (cf. סָבַךְ et שָׂבַךְ, il a entrelacé ;סָכַךְ et שָׂכַךְ, il a recouvert ; etc.), est un s un peu ferme.

    5. La lettre ר paraît avoir eu, selon les cas, une double prononciation, l’une obtenue par la vibration de la luette (r grasseyant), l’autre par la vibration de l’extrémité de la langue (notre r français correctement prononcé).

  2. Certaines autres lettres ont des articulations particulières soit à l’hébreu, soit en général aux langues sémitiques, à savoir :

    1. Les lettres "emphatiques" ט et ק. La première correspond à un t très dur prononcé en resserrant les dents et en appuyant la langue contre leur base ; la seconde équivaut à notre lettre q prononcée tout à fait du fond du palais.

    2. Les lettres "gutturales" א, ה, ח, ע, dont l’articulation exige une étude à part, vu les conséquences phonétiques qui en découlent (voir 55).

    3. Il faut enfin mentionner la prononciation adoucie des muettes ב, ג, ד, כ, פ, ת. Les conditions dans lesquelles se manifeste cette prononciation seront indiquées plus loin (54) ; il faut seulement noter ici que cette articulation aspirée n’a pas toujours d’équivalent exact en français ; tandis que le ב et le פ adoucis correspondent précisément à notre v et à notre f, les équivalents du ד et du ת aspirés sont à rechercher dans le th doux et le th dur de l’anglais ; quant au ג et au כ doux, il faut, pour les prononcer, introduire après le g et le k un h très rapide.

§ III. - Classification des consonnes

  1. 8.A. Au point de vue de l’organe qui sert principalement à leur articulation, on distingue :
  1. les gutturales, dont le siège est principalement dans le larynx. Ce sont les consonnes א, ה, ח, ע. D’après ce qui a été dit plus haut, le ר se rattache partiellement à ce groupe ;

  2. les palatales, à la prononciation desquelles contribuent surtout le rapprochement et la disposition du palais et de la langue. Ce sont les consonnes ג, כ, ק et aussi le י ;

  3. les dentales qui se subdivisent en :
    1. dentales proprement dites ; pour les prononcer la langue appuie avec plus ou moins de force sur les dents ; ce sont les consonnes ד, ט, ת ;
    2. sifflantes, caractérisées par un resserrement plus étroit de la langue et des dents ; ce sont les consonnes ז, ס, צ, ש (שׁ et שׂ) ;

  4. les labiales, à la prononciation desquelles concourt surtout le rapprochement des lèvres. Ce sont les consonnes ב, פ et aussi ו;

  5. les liquides, caractérisées par la vibration de la langue se rapprochant du palais. La principale consonne liquide est le ל. Le ר se rattache partiellement à ce groupe ;

  6. les nasales, dans lesquelles l’air, comprimé par la langue et le palais, s’échappe par le nez en même temps que par les lèvres ; ce sont les consonnes מ et נ.
  1. 9.B. Au point de vue de la vibration des cordes vocales, les consonnes se divisent en :
  1. Sonores, caractérisées par la contraction de la glotte et la vibration des cordes vocales. Telles : le ג parmi les palatales, le ד parmi les dentales, etc...

  2. Sourdes. Telles : le כ parmi les palatales, le ת parmi les dentales, etc...
  1.              C. Au point de vue de la durée du son on distinguera :
  1. Les momentanées ou explosives « si la bouche, fermée en un point quelconque, s’ouvre brusquement pour laisser passer le courant d’air, ou si au contraire, s’étant ouverte pour prononcer une voyelle, elle intercepte brusquement le courant d’air en se fermant complétement sur un point quelconque de son étendue » (V. Henry, Précis de Grammaire comparée du grec et du latin, page 21). Telles : le כּ ou le ק parmi les palatales, le פּ parmi les labiales, etc.

  2. Les continues ou fricatives « si la bouche, au lieu d’être fermée hermétiquement et de s’ouvrir toute grande, se trouve obstruée en un point quelconque de son étendue, de façon à laisser le courant expiratoire s’échapper par une fente étroite et médiane » (id., ibid.). Telles : le ז parmi les sifflantes, le פ parmi les labiales.
  1. 10.— Ces divisions et subdivisions sont exprimées dans ce tableau :

 SONORITÉ ET DURÉE
OrganeSonoresSourdes
 ExplosivesContinuesExplosivesContinues
Gutturales א ה ע, (ר) ח
Palatales גּ ג, י כּ, ק כ
Dentales דּ ד תּ, ט ת
Sifflantes ז ס, שׁ, שׂ, צ
Labiales בּ ב, ו פּ פ
Liquides ל, (ר)
Nasales מ, נ

REMARQUES
  1. 1º D’autres groupements réunissent, à raison de l’affinité grammaticale, des consonnes de divers organes et de diverse sonorité. Il faut noter :
    1. les muettes ב, ג, ד, כ, פ, ת, ainsi nommées, parce qu’elles ne peuvent être articulées sans voyelles ;
    2. les faibles א, ה, ו, י, parmi lesquelles les semi-consonnes ו et י.

  2. 2º Les palatales, les dentales, les sifflantes et les labiales sont souvent réparties, au point de vue de la force même de l’articulation, en : douces ג, ד, ז et ב ; moyennes כ, ת, ס, שׁ, שׂ, (la lettre שׁ est souvent appelée chuintante) et פ ; emphatiques ק, ט, צ.

§ IV. - Les consonnes employées comme signes de numération

  1. 11.Valeur des lettres.
Dans les documents hébreux, manuscrits ou imprimés, beaucoup de chiffres sont indiqués au moyen des consonnes de l’alphabet. Voici les principales lignes de ce système, dont les premières traces se remarquent sur les monnaies asmonéennes et dont le développement est postérieur à l’hébreu biblique :
Les lettres hébraïques se divisent en trois séries :
  • טא marquent les unités ;
  • צי indiquent les dizaines ;
  • תק sont les signes des quatre premières centaines (ק = 100, ר = 200, ש = 300, ת = 400).
Pour les quatre centaines suivantes (500-800), on ajoute à la consonne ת l’une des quatre lettres תק (קת = 400+100 = 500 ; רת = 400+200 = 600 ; שת = 400+300 = 700 ; תת = 400+400 = 800). 900 s’exprime par קתת (400+400+100).
D’autres fois on emploie pour 500-900 les consonnes finales : ךְ = 500, ם = 600, ן = 700, ף = 800, ץ = 900.
Pour exprimer les milliers, on reprend l’alphabet en mettant deux points sur chaque lettre : א̈ = 1000, ב̈ = 2000, etc. י̈ = 10 000, ק̈ = 100 000, ק̈ת̈ת̈ = 900 000. — Les points peuvent être omis si la position même de la consonne dans un chiffre composé ne laisse aucun doute sur sa valeur.
REMARQUE. — Lorsqu’une lettre ou une série de lettres a une valeur numérique, on place au-dessus le signe spécial ״ (gershayim).
  1. 12.Chiffres composés.
Quand on écrit à l’aide des lettres hébraïques des chiffres composés d’unités, de dizaines, etc. on commence par les chiffres les plus forts : א̈תתק״ד = 1904, ה̈תתק״ח = 5908.
REMARQUE. — Les chiffres composés 15 et 16 devraient s’écrire יה (10+5) et יו (10+6) ; mais le groupe de lettres יה représente l’écriture abrégée du nom divin Yahweh (יה est composé des deux premières lettres de יהוה) tel qu’il figure, par exemple à la fin de beaucoup de noms propres : חִזְקִיָּה (ou חִזְקִיָּהוּ) Ezéchias, etc... De même le groupe יו représente le nom divin tel qu’on le trouve au début de beaucoup de noms propres : יוֹאֵל Joël, etc. Par respect pour ce nom sacré, on écrit d’ordinaire טו (9+6) pour 15, et souvent טז (9+7) pour 16.

II. - Des voyelles

§ I. - Les voyelles proprement dites

  1. 13. A. Idée générale des voyelles hébraïques
Il nous faut résumer ici quelques principes qui seront développés plus longuement dans le chapitre III.
  1. 1º L’hébreu compte cinq voyelles : a e i o u, qui peuvent être longues ou brèves.
  2. 2º Parmi les voyelles, a i u sont dites primaires, e o sont dites secondaires.
    1. Les voyelles primaires représentent les sons fondamentaux de la langue. De plus, elles ont en général gardé leur pureté primitive ; en certains cas pourtant, i et u sont dus à des altérations du vocalisme ancien.
    2. Les voyelles secondaires représentent des nuances intermédiaires par rapport aux sons fondamentaux; souvent d’ailleurs elles sont le résultat de l’altération des voyelles primaires. — Il est bon de noter aussi que ê et ô longs (et parfois î et û) sont dus à la contraction des diphtongues ay et aw.
  3. 3º Parmi les voyelles longues il faut distinguer :
    1. Les voyelles longues par nature, qui, tantôt sont des longues primitives, telles que â dans גַּנָּב voleur ; tantôt dérivent d’autres voyelles primitivement longues comme ô dans גִּבּוֹר (primitivement גַּבָּר) héros, — ou encore des diphtongues ay et aw, comme ô dans הוֹשִׁיב (pour הַוְשַׁב, hif‘il primitif de הַוְשַׁב, 68) il a fait asseoir.
    2. les voyelles que l’on pourrait appeler allongées : ce sont celles qui, brèves de leur nature, deviennent longues dans la syllabe accentuée ou dans la syllabe ouverte qui la précède immédiatement : telle la deuxième voyelle de דָּבָר parole (cf. דְּבַרְכֶם votre parole) ; telle encore la voyelle ā de דְּבָרִי ma parole etc.
REMARQUE.
Nous transcrivons â, ê, î, ô, û les voyelles longues par nature, ā, ē, ī, ō, ū les voyelles allongées sous l’influence de l’accent tonique.
  1. 14. B. Indication des voyelles à l’aide des consonnes dites "matres lectionis"
  1. Idée générale du système.
À l’origine, aucune voyelle n’était, à proprement parler, indiquée dans l’écriture :; en présence des consonnes du texte, le lecteur juif pouvait suppléer sans trop de difficulté les voyelles convenables. De bonne heure toutefois, et à mesure que les diphtongues ay, aw, etc. se contractaient dans la prononciation et devenaient de simples voyelles ê, ô, etc., le י et le ו, qui représentaient ces diphtongues au rang des consonnes, n’eurent plus, en fait, d’autre rôle que de marquer les voyelles fruit de la contraction ; ce fut comme le premier acheminement vers l’indication des voyelles au moyen de lettres figurant dans le texte. On alla plus loin, et on en vint à introduire des consonnes nouvelles pour l’indication des principales voyelles, surtout des longues ; on se servit à cet effet des lettres faibles א, ה, ו, י, dont l’articulation peu tranchée se rapprochait de la prononciation des voyelles elles-mêmes.
  1. 15.Application du système
  1. La consonne ו servait déjà à marquer la voyelle ô long, fruit de la contraction de la diphtongue aw ; d’autre part sa prononciation même (w) la rapprochait de la voyelle u. Elle fut donc employée pour indiquer ô, ō et û, soit au milieu, soit à la fin des mots.

  2. La consonne י servait déjà à marquer la voyelle ê long, fruit de la contraction de la diphtongue ay ; d’autre part sa prononciation même (y) la rapprochait de la voyelle i. Elle fut donc employée pour indiquer ê et ē (parfois è), î et ī, soit au milieu, soit à la fin des mots.

  3. La consonne ה, par sa prononciation gutturale, se rapprochait de la voyelle a ; aussi fut-elle employée pour indiquer soit â et ā, soit ô long dérivé de â (81, b), soit même toute espèce d’ô ou ōmais seulement à la fin des mots. Placée à l’intérieur du mot, la voyelle â ā ne fut que très rarement indiquée par une consonne (cf. infra, d), tandis que la voyelle ô ō l’était par le ו. En certains cas le ה final indiqua ê, ē et même è (voir les verbes לה).

  4. Par son caractère guttural, la consonne א était apte à marquer les mêmes voyelles que le ה. De fait, soit au milieu, soit à la fin des mots, א n’indique les voyelles longues —surtout â, ê, ô, — que dans les racines où elle a perdu sa valeur primitive de véritable consonne : יֹאמֵר (pour יַאֲמֵר, cf. verbes פא), 3e personne singulier masculin imparfait qal de אָמַר il a dit. Elle n’indique la voyelle î que dans des formes telles que יוֹצִיא il fera sortir, lorsqu’elles sont défectivement écrites (יֹצִא, Job xxviii, 11), ce qui est exceptionnel.
    Il est rare que 1’ א ait été introduit dans le texte pour l’indication des voyelles longues ; cf. pourtant קָאם pour קָם (Osée x, 14) il s’est levé, — et les exemples plus étranges encore הָֽלְכוּא { pour הָֽלְכוּ (Josué x, 24) ils sont allés ; נָקִיא pour נָקִי (Joël iv, 19) pur, etc.
REMARQUE.
Lorsque les lettres א, ה, ו, י n’ont plus d’autre fonction que d’indiquer des voyelles longues, elles sont appelées matres lectionis.
  1. 16.Lacunes de ce système.
Aucune règle bien précise ne présida à l’introduction des matres lectionis dans le texte sacré ; on les employa d’abord dans les cas où elles paraissaient plus indispensables ; on les multiplia ensuite au fur et à mesure que le besoin s’en faisait sentir ; et ce besoin varia avec les différents passages plus ou moins difficiles de la Bible, et aussi avec les divers milieux, les diverses synagogues, où on lisait les Livres Saints. De là les lacunes de ce système, à savoir :
  1. Le manque d’uniformité.
Il arrive fréquemment, en effet, que le même mot soit écrit de deux manières en deux endroits différents, que les matres lectionis employées en tel endroit fassent défaut ailleurs, bien qu’il y ait les mêmes motifs de les introduire, et ces variations, fréquentes quand il s’agit des voyelles allongées sous l’influence de l’accent, se produisent parfois avec les voyelles longues par nature ; ainsi la forme קָטוֹל (infinitif absolu Qal) s’écrira aussi קָטֹל ; קְטֹלְנָה (2e personne pluriel féminin impératif Qal) s’écrira aussi קְטֹלְןָ ; etc.
  1. Le manque de précision.
En effet, chacune des matres lectionis peut désigner plusieurs voyelles (15) et, en beaucoup de cas, il en résulte une grande indécision : ainsi קטלו peut se lire קָֽטְלוּ ils ont tué, ou קְטָלוֹ il l’a tué&nbdp;; סוסי peut se lire סוּסִי mon cheval, סוּסֵי les chevaux de…, סוּסַי mes chevaux ; גלה peut se lire גָּלָה il a manifesté, גָּלֹה manifester, גְּלֵה manifeste !, נֹּלֶה manifestant, etc.
  1. Le manque d’universalité.
Beaucoup de voyelles longues, en effet, et la plupart des voyelles brèves, ne sont pas représentées dans ce système. קטל peut se lire קָטַל il a tué ; קְטֹל tuer ; קֹטֵל tuant ; קִטֵּל il a massacré, etc. Si le lecteur pouvait assez facilement les suppléer quand l’hébreu était une langue parlée, on comprend que dans la suite les hésitations devinrent de plus en plus nombreuses ; le besoin de signes plus précis se fit sentir chaque jour davantage.
  1. 17. Les points-voyelles.
  1. Idée générale.
La pénurie des indications relatives aux voyelles ne pouvait manquer de créer des difficultés aux lecteurs de la Bible ; de plus, le danger de perdre la vraie prononciation et le vrai sens des mots allait croissant de jour en jour. Toutefois le respect dont on entourait le texte sacré devait en partie contrebalancer ces inconvénients. L’une des conséquences de cette vénération fut la préoccupation, sans cesse grandissante, d’assurer autant que possible la transmission exacte du texte biblique et de sa prononciation.
Pendant l’âge talmudique, du iie siècle au ve, on veilla surtout à la fixation définitive et invariable du texte ; on en nota les particularités, on en marqua les divisions, on signala les variantes traditionnelles (33-35), on détermina les règles à suivre dans la transcription des manuscrits, etc.
Avec le vie siècle commença, pour se terminer vers le viiie, un autre travail ; on introduisit peu à peu divers signes pour indiquer sur le texte lui-même la prononciation traditionnelle. Ce fut l’œuvre des punctatores : on les confond souvent dans une même appellation avec les massorètes qui, dans la suite, introduisirent autour du texte de la Bible les remarques plus ou moins étendues, connues sous les noms de Petite Massore, Grande Massore, Massore finale.
La lecture du texte hébreu que les punctatores ont consacrée est bien la lecture traditionnelle; elle est conforme en substance aux transcriptions de saint Jérôme, d’Origène et même des Septante, bien qu’elle s’en écarte en un assez grand nombre de détails (73-74).
Les punctatores ont eu pour principe le respect minutieux du texte sacré et des travaux de leurs prédécesseurs ; ils n’ont introduit aucune modification dans les lettres mêmes du texte ; ils ont laissé subsister toutes les lacunes et imperfections. D’autre part, ils ont tenu grand compte des divisions et autres annotations dues aux talmudistes.
Les travaux des punctatores ont eu un triple objet : la notation des voyelles, l’indication de certaines particularités dans la prononciation des consonnes (redoublement, articulation dure des muettes, etc.), enfin l’accentuation. Il ne faut pas croire, d’ailleurs, que ces travaux aient été l’œuvre d’un seul jour. En ce qui regarde les points-voyelles, en particulier, il est probable que, chez les Juifs comme chez les Syriens orientaux, on a d’abord introduit divers points ou traits, qui, selon la place qu’ils occupaient, marquaient telle ou telle voyelle. Peu à peu on a multiplié ces points et ces traits et on les a combinés, jusqu’au jour où le système des points-voyelles a été élaboré tel que nous l’avons sous les yeux.
  1. 18.Exposé du système.
Il y a des signes particuliers pour les cinq voyelles longues et les cinq voyelles brèves.

Voyelles longues
Forme
des
signes
Noms
des
signes
Transcription et sens
des noms des signes
Valeur
des
signes
Exemples
 ָקָֽמֶץqamèts, compression (?)â, āאָבpère
 ֵ, (י ֵ)צֵרֵיtséré, fenteê, ēשֵׁםnom
 ִ, (י ִ)חִֽירֶקhirèq, grincementî, īאִישׁhomme
וֹ, ( ֹ)חוֹֽלֶםholèm, plénitudeô, ōקוֹלvoix
וּשׁוּֽרֶקshurèq, sifflementûמוּתmourir
 
Voyelles brèves
Forme
des
signes
Noms
des
signes
Transcription et sens
des noms des signes
Valeur
des
signes
Exemples
 ַפַּֽתַחpatah, ouvertureaבַּתfille
 ֶסְגוֹלsegol, grappeèשֶׁן־dent de …
 ִחִֽירֶקhirèq, grincementiאִםsi
וֹ, ( ֹ)קָֽמֶץ חָטוּףqamèts hatuf, (dérobé)oחָק־décret de …
 ֻקֻבּוּץqubuts, compression (?)uסֻלָּםéchelle
  1. 19. Remarques.
  1. Forme des signes
Ainsi que nous l’avons dit plus haut, tous les signes des voyelles se ramènent au point et au trait. Si, dans le tableau qui précède, le signe  ָ du qamèts et du qamèts-hatuf parait faire exception, c’est qu’il n’a pas gardé très exactement sa forme primitive qamets-old telle qu’on la retrouve dans les anciens manuscrits.
  1. Noms des signes.
Les noms des signes appartiennent à l’hébreu rabbinique. Le sens précis de plusieurs d’entre eux est discuté. La plupart paraissent exprimer les mouvements faits par la bouche et les divers organes de la prononciation pour l’émission de la voyelle. Le nom de segol se rapporte à la forme même du signe, celui de hirèq au caractère strident du son i.
  1. 20.Lacunes du système. Le qamèts et le qamèts-hatuf.
Le système des points-voyelles n’est pas sans présenter quelques lacunes. Le principal défaut consiste sans contredit dans l’emploi d’un même signe pour les voyelles a long et o bref. Cette anomalie s’explique par le fait que, dans le milieu où le système des points-voyelles a été élaboré, la voyelle a perdait en s’allongeant son timbre clair et s’obscurcissait dans le sens du son mixte o (81, b) ; mais les confusions auxquelles donne lieu la représentation de ces deux voyelles par le même signe sont telles qu’on aurait dû l’éviter à tout prix. De fait il est très difficile, tant que l’on ne possède pas de l’hébreu une connaissance assez approfondie, de distinguer le qamèts du qamèts-hatuf. L’étymologie et la science des formes grammaticales sont en effet les principes qui permettent le plus sûrement d’éviter de trop faciles confusions. Toutefois on peut indiquer certaines règles pratiques qui serviront provisoirement. Partant de ce fait que le signe  ָ est plus souvent prononcé a long, on peut dire que :

A. En règle générale, le signe  ָ se prononce o bref quand il est dans une syllabe fermée non accentuée ; de telles syllabes, en effet, sont d’ordinaire munies de voyelles brèves (104, y). — C’est ce qui arrive :
  1. quand  ָ est suivi d’un sheva simple quiescent (27) : חָכְמָה [hokhmā] sagesse. Toutefois si la syllabe fermée qui renferme le signe  ָ est accentuée, on prononce a long : לָֽיְלָה [lāylā], forme ordinaire [laylā], nuit.
    Si le sheva simple est mobile (24), le signe  ָ appartient à la syllabe précédente qui est ouverte ; dans ce cas il est muni du métég (  ָֽ; voir 31) et se prononce a long : קָֽטְלָה (tlā)) elle a tué.
  2. quand  ָ est suivi d’un dagesh fort (28, B, b) indiquant une consonne redoublée : רָנִּי {ronnî] réjouis-toi. Toutefois si la syllabe qui renferme le signe  ָ est accentuée, on prononcera a long : לָֽמָּה [lāmmā] pourquoi ?
    La nature du dagesh dans le ת de בָּתִּים (pluriel de בַּֽיִת maison), et la prononciation du  ָ sont très controversées. Tandis que les uns écrivent בָּתִּים et prononcent [bottîm] (Gesenius, Ewald, etc.), d’autres écrivent בָּֽתִּים (avec le métég) et prononcent [bâttim] (Noeldeke, Kautzsch, etc.). C’est cette seconde théorie qui est adoptée dans l’édition de la bible hébraïque de Baer et Delitzsch ; les éditions courantes (celles de la Société biblique) écrivent בָּתִּים ([bottîm] ?), mais, avec les suffixes graves, בָּֽתֵּיכֶם [bāttékhem ?] vos maisons. Il est des auteurs enfin (Wright, Guidi) qui, d’après diverses considérations étymologiques, rattachent בָּתִּים à une forme primitive בַּיְתִּים [baytim], et traitent en conséquence le dagesh du ת comme un dagesh doux : [bâtim] ; dans בָּֽתֵּיכֶם, le métég représenterait l’accent secondaire (31, B, a, a).
  3. quand  ָ placé dans la syllabe finale, vient après une pénultième accentuée : וַיָּֽסָב [way-sov] et il entoura.
  4. quand  ָ est placé dans la dernière syllabe d’un mot relié au suivant par le maqqèf et, par suite, dépourvu d’accent (32) : כָּל־הָאָֽרֶץ [kol-ha’arèts] toute la terre. Si, dans cette position,  ָ doit se prononcer â ou ā, on recourt au métég : שָֽׁת־לִי ([shat-li] ; Genèse iv, 25) [Dieu] m’a placé (c.-à-d. donné) [un fils].
    Certains accents conjonctifs jouent accidentellement le même rôle que le maqqèf. Tel le darga (37, A, 22) dans סְעָ֧ד לִבְּךָ ([se‘od libbekha] Juges xix, 5) fortifie ton cœur.

B. Exceptionnellement, le signe  ָ se prononcera o bref dans une syllabe ouverte ou demi-fermée (96, a, d), ce qui arrive :
  1. quand il est suivi d’un autre  ָ qui, d’après les règles précédentes, doit se prononcer o bref : פָּֽעָלְךָ [po‘olekha] ton œuvre ;
  2. quand il est suivi du sheva composé hatef-qamèts (25) : פָּֽעֳלוֹ [po‘olô] son œuvre.
  3. De même dans quelques cas où il est suivi : du sheva mobile : שָֽׁמְרָה [shomra] garde ! — du sheva composé hatef-patah (25) : לִמְשָֽׁחֲךָ pour t’oindre [li-mshohakha] (Samuel I xv, 1). C’est dans ces cas surtout que l’on doit recourir à l’étymologie.
  4. Dans les deux mots קָֽדָשִׁים [qodashim] sanctuaires, et שָֽׁרָשִׁים [shorashim] racines. Sur la raison étymologique de cette prononciation, voir les noms ségolés.
Dans tous ces cas, le signe  ָ est muni d’un métég dont le rôle est simplement d’indiquer que la voyelle o bref doit être bien détachée, dans la prononciation, de la syllabe qui suit (31).

  1. 21.Place des signes
A. La plupart des signes se placent au-dessous des consonnes ; ils sont d’ordinaire sous la lettre après laquelle ils doivent se prononcer : בָּ = bâ, דֵּ = dé, etc. Il n’y a d’exception que pour le patah, qui, en certains cas (59, 8), se prononce avant la consonne sous laquelle il se trouve : שָׁלוּחַ [shaluah] envoyé. Ce patah s’appelle alors patah furtif.

B. Le point qui représente le son ô peut être placé de différentes manières :
  • Le ו muni de ce point garde parfois sa valeur de consonne, soit avant la voyelle ô comme dans [`āwôn], et alors le point se met à gauche : עָוֹן (ou עָווֹן) iniquité ; soit après la voyelle ô comme dans [lôwè], et alors le point doit être à droite : לֹוֶה qui accompagne.
  • Lorsque le point est à droite et au-dessus du ו (וֹ), le signe représente purement et simplement la voyelle ô long : אוֹן ([’ôn]) force.
  • Lorsque le ו est supprimé (écriture défective, 22), le point se place à gauche et au-dessus de la lettre après laquelle doit se faire entendre la voyelle ô : בֹּ = bô, דֹּ = dô, הֹ = hô, לֹ = lô, שֹׁ = shô. — Toutefois :
    • Si la lettre qui suit la voyelle ô est un א mater lectionis (15, d), le point se place à droite au-dessus de l’א : רֹאשׁ (et non רׂאשׁ) tête. — Mais on a דֹאֵג [dô’ég] inquiet, parce qu’ici l’א est une véritable consonne.
    • Si la lettre qui suit la voyelle ô est un שׁ, le point diacritique du שׁ indique en même temps la voyelle ô : משֶׁה [Môshè] Moïse.
    • Si la lettre qui suit est un שׂ, le point se met sur le jambage de droite du שׂ : הַנּשֹׁאִים [han-nôse’im] ceux qui portent (littéralement les portant).
    • D’autre part. si la lettre qui doit porter la voyelle ô est un שׂ, le point de la voyelle se confond avec le point diacritique נְשׂא [nesô’] porter.


  1. 22.Écriture pleine et écriture défective
A. Idée générale
On a vu (15) qu’avant l’introduction des points massorétiques, certaines voyelles étaient indiquées à l’aide des consonnes א, ה, ו, י ; mais nous avons fait remarquer aussi (16) que ces consonnes n’étaient pas employées d’une façon régulière. D’autre part, les punctatores n’ont rien changé au texte de la Bible (17). Il en résulte qu’en certains cas les voyelles en question sont indiquées par une consonne en même temps que par un point massorétique ; c’est l’écriture pleine. Ailleurs elles sont marquées seulement par un point-voyelle ; c’est l’écriture défective.

B. Voyelles î et ī, ô et ō, û
Les voyelles qui sont le plus régulièrement écrites à l’aide d’une consonne sont î et ī = י ִ, ô et ō = וֹ, û = וּ. Toutefois les exceptions sont nombreuses. Avec la voyelle ô (ou ō), la suppression de la consonne n’entraîne aucune confusion ; בֹּ se lira bô (bō) aussi bien que s’il y avait בּוֹ. Il n’en est pas de même avec î (ī) et û. Le point qui demeure du signe י ִ lorsqu’on a supprimé le י, peut se lire i bref aussi bien que i long ; seuls le contexte et l’étymologie doivent guider le lecteur. De même, lorsque la consonne de וּ est supprimée, on est obligé d’employer pour la voyelle u long le signe  ֻ , c’est-à-dire le signe du u bref.
L’écriture pleine et l’écriture défective na sont pas employées d’une manière tout à fait indifférente. Bien que les exceptions soient nombreuses, on peut établir les principes suivants :
  1. L’écriture pleine est de beaucoup la plus fréquente quand les voyelles î, ī, ô, ō, û, se trouvent à la fin du mot : דְּבָרִי ma parole ; דְּבָרוֹ sa parole ; קָֽטְלוּ ils ont tué.
  2. On rencontre plus souvent l’écriture défective dans l’intérieur du mot, surtout :
    1. quand il y aurait dans le même mot accumulation de matres lectionis : קוֹל voix (avec o long écrit pleinement), mais d’ordinaire קֹלוֹת (avec le premier ô écrit défectivement) voix (pluriel). De même מְצָאֻֽהוּ ils l’ont trouvé pour מְצָאוּֽהוּ ; הֲקִימֹֽתִי et הֲקִמוֹֽתִי à côté de הֲקִימוֹֽתִי j’ai fait lever ;
    2. quand on devrait avoir la même lettre successivement employée, d’abord comme consonne proprement dite, puis comme mater lectionis : מִצְוֹת pour מִצְווֹת les préceptes ; גּוֹיִם pour גּוֹיִים les nations ; גּוֹיִ pour גּוֹיִי ma nation.

N. B. — Lorsque, dans le corps du mot, א devrait indiquer la voyelle o long, on le supprime régulièrement après un א qui garde sa valeur de consonne : אֹמַר pour אאׁמַר je dirai. — On trouve aussi יֹסֵף pour יאׁסֵף il rassemblera. Au contraire on ne le supprime que très rarement à la fin du mot : וַיָּבוֹ pour וַיָּבוֹא et il vint (Rois I xii, 12, ketiv).

C. Autres voyelles
Ce sont (15, c, d) : â, ā indiqués par ה à la fin des mots, et aussi par א, soit à la fin, soit dans le corps des mots ; — ê, ē, indiqués par ה à la fin des mots, par א et par י, soit au milieu, soit à la fin des mots ; — è bref indiqué parfois par ה à la fin des mots, parfois par י à l’intérieur des mots.
Ici encore l’emploi des matres lectionis n’est pas absolument arbitraire.
  1. L’emploi du ה est presque constant pour l’indication des voyelles finales â et ā : סוּסָה jument. Les exceptions reconnues par la grammaire et qui ne doivent pas être traitées comme de simples fautes d’orthographe, se réduisent à quelques désinences verbales comme תָּ (rarement תָּה, à la 2e personne singulier masculin du parfait), ןָà côté de נָה (2e personne pluriel féminin impératif, 2e et 3e personne pluriel féminin de l’imparfait), etc.
  2. De même quand le ה doit représenter les voyelles finales ê, ē, è : גְּלֵה révèle ! יִגְלֶה il révélera (voir les verbes לה).
  3. Lorsque le י doit être employé pour l’indication de ê, ē, è, soit à l’intérieur, soit à la fin du mot, il est rarement supprimé : דִּבְרֵי les paroles de … ; דְּבָרֶֽיךָ tes paroles. On trouvera exceptionnellement דְרָכֶֽךָ tes voies pour דְרָכֶֽיךָ (Exode xxxiii, 13), etc. — Mais l’exception deviendra fréquente si ce י mater lectionis doit être précédé d’une consonne : דּוֹיֶֽךָ pour דּוֹיֶֽיךָ tes nations.
  4. Quant au א, sa suppression, plutôt rare à la fin du mot, est très fréquente dans le corps du mot : מָצָֽתִי pour מָצָֽאתִי j’ai trouvé ; צָמַֽתִי pour צָמַֽאתִי j’ai eu soif.

§ II. - Les demi-voyelles

  1. 23. A. Idée générale
À côté des voyelles proprement dites, l’hébreu fait entendre dans la prononciation un certain nombre de sons moins nettement caractérisés et très brefs. Lorsque, par exemple, au début d’un mot ou d’une syllabe, deux consonnes se suivent, sans être séparées par une voyelle proprement dite, on ne les fond pas comme en français en une seule articulation composée ; on fait toujours entendre entre elles un son vocalique qui ressemble le plus souvent à notre e muet, mais qui est parfois plus caractérisé. Ainsi avec דרָכִים voies, les deux premières consonnes, qui ne sont pas séparées par une voyelle, ne se prononceront pas comme dr dans notre mot droit, mais on dira [derākhîm] (et non [drākhîm]). — De même, lorsque deux syllabes se suivent, dont la première est fermée, elles ne sont pas toujours séparées et indépendantes comme celles de notre mot pal-per ; on fait assez souvent entendre entre elles un e muet qui relie la première à la seconde, comme si l’on disait pal(e)per. Ainsi, tandis que יִכתֹּב il écrira, se prononcera [yikhtov], le mot כִּתבוּ écrivez !, se lira [kit(e)vû].
Telle est la nature des demi-voyelles, communes à l’hébreu et à plusieurs autres langues sémitiques. Comme le démontrent la grammaire comparée et l’histoire même de la langue hébraïque, elles sont des vestiges de vraies voyelles primitives, disparues au cours des transformations graduelles du langage 1 ; on ne doit donc pas les omettre dans la prononciation.
La tradition massorétique n’a pas négligé ces demi-voyelles ; elle a pris soin de les signaler par des signes particuliers appelés les sheva (ou shewa).
L’étymologie et le sens du mot sheva sont incertains. On le rattache d’ordinaire à la racine שׁוא (שְׁוָא néant, absence). Plusieurs auteurs le rapprochent de la racine שׁבת (שְׁבָא, avec suppression du ת troisième radicale) et lui donnent le sens de repos. Il y a deux espèces de sheva : le sheva simple et le sheva composé.
  1. 22. B. sheva simple
  1. Nature
Ce signe indique un son confus, indéterminé, de tout point semblable à notre e muet, tel que nous le trouvons dans le mot secours, mais un peu plus bref. — Ce sheva est aussi appelé mobile, c’est-à-dire sensible dans la prononciation. On le distingue par là du sheva quiescent, signe qui a la même forme que le précédent, mais qui est purement orthographique (27).
  1. Espèces
On compte deux espèces de sheva mobiles.
  1. Le sheva mobile proprement dit, toujours placé au début de la syllabe.
    On le reconnaît aisément quand il se trouve au commencement des mots : קְטֹל [q(e)tōl] tuer.
    Au milieu des mots, le sheva est mobile quand il vient : après une voyelle longue comme dans קוֹטְלָה [qôt(e)lā] tuant (féminin) ; — après un autre sheva :יִקְטְלוּ [yiqt(e)lû] ils tueront ; — ou encore quand il est placé sous une consonne redoublée : קִטְּלוּ [qitt(e)lû] ils ont massacré.
  2. Le sheva semi-mobile, placé sous une consonne intermédiaire qui sert à la fois de finale à la syllabe précédente et d’initiale à la syllabe suivante (96, d).
    On le trouve avant tout sous des consonnes qui devraient être redoublées et qui, pour des raisons spéciales, ne le sont pas : ainsi dans לַמְנַצֵּחַ au chef de choeur, le מ devrait être redoublé après la voyelle de l’article (131, et, pour l’exception, 132, 1º) ; aussi doit-on lire [la-m(e)nats-tséah]. — On le trouve encore dans des formes telles que קִטְלוּ [qit(e)lû] tuez !, etc.
    Ce sheva semi-mobile se laisse surtout reconnaître quand il est suivi d’une des muettes ב, ג, ד, כ, פ, ת ; en effet, la prononciation de ces consonnes est douce après ce sheva’, tandis qu’au début de la syllabe elle est dure (54, C) ; ainsi כִּתְבוּ écrivez ! se prononce [kit(e)vû], tandis que מַלְכָּה reine, se lit [malkā].
Sur le sheva quiescent, voir n° 27.
  1. 25. C. sheva composé
  1. Nature
Le son de la demi-voyelle est quelquefois plus caractérisé, plus "coloré" que celui d’un simple e muet. Il correspond alors assez exactement aux voyelles finales non accentuées des mots italiens Roma, Amare, Corso. La massore signale ces colorations en plaçant à la gauche du sheva simple le signe des voyelles brèves dont l’oreille perçoit la nuance. On obtient ainsi des signes complexes : on les appelle sheva composés, sheva hatéf (sheva rapide) ou simplement hatéf.
N. B. — Le sheva composé est toujours mobile ou au moins semi-mobile ; aussi est-il toujours placé soit au début des syllabes, soit au moins sous les consonnes qui sont intermédiaires entre deux syllabes (24, b, 13).
  1. Espèces
Il y a trois sheva composés, ainsi que l’indique le tableau suivant :

Forme
des signes
Noms des signes Valeur
des signes
Exemples
 ֲhâtaf-patah(a)חֲמוֹרâne
 ֱhâtaf-sègôl(è)אֱכֹלmanger
 ֳhâtaf-qāmèts(o)חֳלִיmaladie
  1. Usage
L’emploi des sheva composés marquant la coloration des semi-voyelles, est subordonné, soit à la nature des consonnes, soit à leur position.
  1. Les gutturales doivent à leur prononciation rauque, de ne pouvoir s’articuler, lorsqu’elles sont dépourvues de voyelles, sans faire entendre un son plus caractérisé que l’e muet (60, 6i). Aussi les gutturales prennent-elles souvent un sheva composé ; elles le prennent toujours lorsqu’elles se trouvent au début des syllabes sans voyelle proprement dite.
  2. En certains cas, et afin de rendre la demi-voyelle plus sensible en la. colorant davantage, les autres consonnes peuvent elles-mêmes prendre soit le  ֲ , soit le  ֳ , jamais le  ֱ .
    • Le  ֲ  se placera assez souvent :
      1. sous les sifflantes qui se trouvent au début d’un mot après la conjonction וּ et : וּזֲהַב הָאָֽרֶץ הַהִיא et l’or de ce pays (Genèse ii, 12) ; de même sous les emphatiques ק ,וּזֲהַב הָאָֽרֶץ הַהִיא, sous le ר, parfois aussi sous le ב et le ת.
      2. Sous les liquides, les sifflantes et le ק après i bref : יִֽצֲחַק il rira (Genèse xxi, 6) ; parfois même après a bref.
      3. Sous les consonnes redoublées, surtout quand elles sont précédées d’a bref et dépourvues du signe du redoublement (50) : הַלֲלוּ pour הַלְּלוּ louez !
      4. Sous la première de deux consonnes semblables lorsqu’elle est dépourvue de voyelle : סוֹרֲרִים pour סוֹרְרִים rebelles.
    • Le  ֳ  s’emploie dans un grand nombre des cas énumérés à propos du  ֲ  : לֻֽקֳחָה pour לֻקְּחָה elle a été prise (Genèse ii, 23) ; וּסֳעָֽדָה pour וּסְעָֽדָה et fortifie-toi ! [en mangeant], etc. — De plus, on emploie parfois le  ֳ  au lieu du sheva simple :
      1. devant une gutturale : נִסְרֳחָה s’est évanouie (Jérémie xlix, 7) ;
      2. lorsque le sheva simple serait dû à la suppression de la voyelle o : קָדְקֳדוֹ pour קָדְקְדוֹ sa nuque (de קָדְקֹד), etc.
REMARQUE. — En dehors des cas où ils se placent sous les gutturales, l’emploi du  ֲ  et du  ֳ  est flottant et varie avec les manuscrits et les éditions de la Bible.

III. - Autres signes orthographiques

§ I. - Point diacritique

  1. 26. D’un usage très fréquent en arabe, le point diacritique proprement dit n’est employé dans l’alphabet hébreu que pour la distinction du שׂ et du שׁ.

§ II. - Sheva simple quiescent

  1. 27. A. Nature C’est un principe adopté par les punctatores, qu’à l’intérieur du mot, aucune lettre ne doit être dépourvue d’un signe vocalique, si elle n’est quiescente (62, A, Remarque). Aussi les consonnes placées à la fin des syllabes (96, b) et dépourvues de toute espèce de voyelles ou demi-voyelles, prennent néanmoins le signe du sheva simple  ְ  ; ce signe ne se fait alors sentir en aucune manière dans la prononciation : יִקְטֹל [yiq-tōl] il tuera.

    B. Usage
    1. Le système massorétique présente, ici encore, une cause de confusion. C’est la connaissance des formes grammaticales qui permet le plus sûrement de distinguer le sheva quiescent du sheva simple mobile.
      On peut dire toutefois que le sheva est quiescent dans le corps du mot :
      1. quand il est précédé d’une voyelle brève : יִקְטֹל [yiqtōl] il tuera. 11 faut faire exception néanmoins pour les cas où le sheva est semi-mobile (24, b, β) comme dans כִּתְבוּ écrivez ! ;
      2. quand la voyelle qui précède est allongée sous l’influence d’un accent pausal (sillùq, atnah, 37, A, B et 106) : קָטָ֑לְתָּ [qātāltā] pour קָטַֽלְתָּ tu as tué.
    2. On ne met pas d’ordinaire de sheva quiescent sous les consonnes finales. Il n’y a d’exception que pour ךְ (le sheva’ a probablement pour but de le mieux distinguer du ן) : מֶֽלֶךְ roi. Comme on le verra, l’exception est plus apparente que réelle en des cas tels que אַתּ toi (122, c) ; קָטַלְתְּ tu as tué (125, c) ; etc.

§ III. - Daguésh

  1. 28. A. Nature
Le daguésh est un point placé dans l’intérieur de certaines consonnes, et dont la signification générique est celle d’un affermissement de la prononciation. (Le mot araméen דָּגֵשׁ signifie : point.)

                       B. Espèces et usage
  1. Bien que le daguésh présente toujours à l’ceil la même apparence, il y a deux espèces de daguésh : le daguésh fort et le daguésh doux.
  2. Le daguésh fort peut se placer dans toutes les consonnes, excepté dans les gutturales (56, 57) ; il indique qu’on doit les redoubler dans la prononciation. — Exemple : קִטֵּל [qittél] il a massacré.
  3. Le daguésh doux ne peut se placer que dans les consonnes muettes ב, ג, ד, כ, פ, ת : il indique qu’on doit leur donner leur prononciation dure, et non leur prononciation aspirée (53-54). Ainsi, on aura פָּקַד [pāqad] il a visité, tandis qu’on a יִפְקֹד [yifqōd] il visitera.
REMARQUES
  1. 1º Quand le daguésh fort est placé dans les consonnes muettes ב, ג, ד, כ, פ, ת, il cumule toujours pour elles le rôle du daguésh fort et celui du daguésh doux ; en d’autres termes, il indique toujours qu’on doit, tout en les redoublant, leur donner leur prononciation dure : אַפִּי [’appî] et non [’afpî]) mon visage.
  2. 2º Les gutturales א, ה, ח, ע, sont les seules consonnes incapables de prendre jamais aucun daguésh.
  3. 3º Le ר, qui peut prendre le daguésh fort, ne le fait cependant que dans des cas exceptionnels ; la prononciation grasseyée, qu’il a le plus ordinairement, le rend semblable à une gutturale et inapte au redoublement.

§ IV. - Mappiq

  1. 29. A. Nature
Les lettres faibles א, ה, ו, י sont, tantôt de véritables consonnes, tantôt de simples matres lectionis (14, 15), Le mappiq est un point ayant précisément pour but de faire remarquer d’une manière expresse que ces lettres doivent être proférées comme consonnes. Le mot mappiq se rattache à la racine araméenne נִפַק il est sorti ; il signifie ce qui fait émettre ou ressortir.
Le mappiq se place au dedans du ה : גָּבַה [gāvah] il a été élevé ; — au-dessous du ו et du י  : קָוִ [qaw] cordeau ; גּוֹיִ [goy] nation ; au-dessus ou au-dessous de l’א : וַיָּבִיאׄוּ (Genèse xliii, 26) et וַיָּבִיאּוּ (Ezra viii, 18, dans l’édition Baer et Delitzsch) et ils introduisirent.
B. Usage
Dans les bibles imprimées, l’usage du mappiq est très restreint. En dehors des quatre cas où il est employé avec א (Genèse xliii, 26 ; Lévitique xxiii, 17 ; Ezra viii, 18 ; Job xxxiii, 21), on ne le met guère que dans le ה final pour indiquer qu’il doit être traité comme une consonne. Ainsi l’on a : גָּלָה [gālā] il a révélé, mais גָּבַה [gāvah] il a été élevé.

§ V. - Rafè

  1. 30. A. Nature
Le rafè est un petit trait horizontal qu’on peut placer au-dessus d’une lettre pour spécifier qu’elle doit être prononcée "mollement" (le mot araméen רָפֶה signifie : amollissant, affaiblissant), c’est-à-dire pour recommander au lecteur de ne lui attribuer ni daguésh (fort ou doux), ni mappiq : שִׁכְמָהֿ (Job xxxi, 22) son épaule.

B. Usage
En principe, on peut employer le rafè :
  1. 1º au-dessus des muettes ב, ג, ד, כ, פ, ת quand elles doivent être aspirées ;
  2. 2º au-dessus des faibles א, ה, ו, י quand elles doivent être traitées comme de simples matres lectionis ;
  3. 3º au-dessus des consonnes qui ne doivent pas être redoublées.

En pratique, il est à peu près réservé aux deux premiers usages et, même alors, les bibles imprimées ne l’emploient que dans les cas où il est absolument nécessaire pour empêcher une confusion. — Dans les manuscrits ponctués, il se rencontre plus fréquemment ; c’est ainsi que, dans le manuscrit A de l’Ecclésiastique, les passages munis de voyelles en présentent de nombreux exemples (ix, 3, 4 ; xi, 6, 8, etc.).

§ VI. - Mètèg

  1. 31. A. Nature
Le mètèg (מֶֽתֶג bride, frein) est un petit trait vertical que l’on met à gauche d’une voyelle dans une syllabe ouverte pour indiquer un ton secondaire (100, b), et aussi pour marquer qu’on ne doit pas glisser trop légèrement sur une voyelle, mais la faire nettement entendre. — On l’appelle encore מַאֲרִיךְ [ma’arikh], signe d’allongement, et גַּעְיָא [ga‘yā]), signe d’élévation de la voix.

B. Usage et espèces
On distingue :
  1. le mètèg léger qui se subdivise en :
  1. mètèg indicateur du ton secondaire (100, b).
    Il n’affecte que les syllabes ouvertes et se place :
    1. sous la deuxième syllabe avant l’accent tonique principal : הָֽאָדָם l’homme ; de même, quand deux mots sont unis par le maqqèf (32) : מֶֽלֶךְ־צֹר le roi de Tyr ;
    2. sous la troisième syllabe si la seconde est fermée : הָֽאַרְבָּעִים les quarante (Genèse xviii, 29) ; עֶֽבֶד־הַמֶּֽלֶךְ le serviteur du roi (Rois II xxii, 12).
    3. Il se répète sous la quatrième syllabe avant la tonique, quand déjà il se trouve sous la seconde : שָֽׁבֻעֹֽתֵיכֶם vos semaines (Nombres xxviii, 26).
    4. Il affecte la syllabe ouverte qui précède le maqqèf (32), devant une syllabe inaccentuée et dépourvue elle-même de mètèg : בְּנֵֽי־יִשְׂרָאֵל les enfants d’Israël (Genèse xlvi, 8 ; mais : בְּנֵי־הָֽאֱלֹהִים les enfants de Dieu, Genèse, vi, 2) ; de même devant un sheva qui précède la tonique : שְׁלֹמֹֽה־בְנִי mon fils Salomon (Chroniques I  xxviii, 9).
    Le mètèg s’omet ordinairement sous la conjonction וּבָנִים : וּ et enfants.

  2. mètèg nécessaire. On le place :
    1. à côté des voyelles longues suivies du sheva simple et de la tonique : קָֽטְלָה elle a tué ; יִֽירְאוּ et יִֽרְאוּ ils craindront (mais יִרְאוּ ils verront, avec i bref) ;
    2. à côté des voyelles longues suivies du maqqèf : שָֽׁת־לִי il a placé (donné) pour moi ([shat-li] et non [shot-li] ; Genèse iv, 25) ;
    3. à côté du qamèts de בָּֽתִּים [bātim], pluriel de בַּ֫יִת maison, et de אָֽנָּא quæso, de grâce, pour indiquer la prononciation a long ;
    4. devant le sheva composé pour indiquer que la voyelle en doit être nettement séparée : יַֽעֲמֹד il se tiendra debout ; שֹֽׁחֲטִים immolant (pluriel masculin) ;
    5. sous les préformantes des verbes היה il a été ; חיה il a vécu, si le ה ou le ח sont munis du sheva simple : יִֽחְיֶה ,יִֽהְיֶה ;
    6. près du  ֵ  pour indiquer le maintien de la prononciation e long dans une syllabe inaccentuée (102, b, y ; cf. 80, b, a et 82, c, oc) : אֹהֵֽב דָּ֑עַת aimant la science (Proverbes xii, 1).
    N. B. :
    1. 1º Le mètèg nécessaire dont il est question sous les nº 1, 2 et 3 a une grande importance, puisqu’il permet de distinguer â, ā et î, ī de o et i.
    2. 2º En beaucoup de cas le mètèg est remplacé par un accent qui produit les mêmes effets : בָּ֣תִּים maisons [bātîm].
  1. Le mètèg grave qui se met :
  1. fréquemment à côté du patah de l’article et des particules ל ,כ ,ב devant les consonnes initiales munies d’un sheva simple, quand elles ne portent pas le daguésh (132) : הַֽמְסִלָּה la voie ;

  2. à côté du patah du ה interrogatif : הַֽאֻמְנָם (Rois I viii, 27) est-ce qu’en vérité...? Dans ce cas le mètèg est parfois placé, non à gauche, mais à droite du patah, pour spécifier qu’il s’agit du ה interrogatif et non de l’article : ֽהַאֻמְנָם
  1. Le mètèg euphonique, par exemple dans וַיִּשָּׁבַֽע לוֹ (Genèse xxiv, 9) et il lui jura.

§ VII. - Maqéf

  1. 32. A. Nature
Le maqéf (מַקֵּף, mot araméen désignant un signe qui rapproche, égalise) est un trait horizontal réunissant deux ou plusieurs mots pour en faire un seul n’ayant qu’un seul accent principal, celui du dernier mot :
וּכָּל־אָדָם tout homme [kol-’ādām], avec l’accent principal sur דָם) ;
אֶת־כָּ־אֲשֶׁר־לוֹ (Genèse xxv, 5) tout ce qui est à lui ;
שִׁבְעָה־עָשָׂר dix-sept.

B. Usage
  1. Bien que le maqqèf se puisse mettre entre des noms polysyllabiques, il s’emploie principalement après un monosyllabe que l’on veut relier plus étroitement au mot auquel il se rapporte :לֶב־מֶ֫לֶךְ le cœur d’un roi (Proverbes xxi, 1).

  2. C’est surtout avec les particules (prépositions, etc.) qu’on emploie le maqqèf : עַל־הָאָ֫רֶץ sur la terre.

  3. On peut dire que le maqqèf n’est jamais obligatoire ; toutefois il est d’un usage à peu près constant avec certaines particules, telles que אֵל, vers ; עַל sur, etc. — En certains cas il est remplacé par un accent conjonctif (37, A, b et B, b).

  4. Toutes les fois que cela est possible, on abrège la voyelle du mot qui précède le maqqèf : חֹק loi, mais חָק־אֱלֹהִים la loi de Dieu ; אֵל vers, mais אֶל־הַבַּ֫יִת vers la maison.

§ VIII. - Ketiv et qeré

  1. 33. A. Nature
On rencontre assez fréquemment au-dessus des mots du texte biblique de petits cercles ou de petites étoiles (ישבתי֯ ou ישבתי) renvoyant à des notes qui, dans les bibles manuscrites, se trouvent d’ordinaire dans la marge, mais qui, dans les bibles imprimées, sont réunies soit au bas des pages, soit même à la fin du volume.
Nombre de ces notes indiquent les diverses anomalies du texte, par exemple la présence d’une voyelle longue là où il faudrait une voyelle brève, la présence d’un daguésh alors que normalement il ne devrait pas y en avoir, etc. Mais les plus importantes de ces annotations sont celles qui invitent à ajouter au texte ou à en retrancher un mot ou une lettre, ou encore à substituer un autre mot ou une autre lettre à ceux du texte.
Dans ce cas le mot écrit dans le texte est appelé ketiv (כְּתִיב écrit, participe passif du verbe araméen כְּתַב il a écrit) ; le mot qui est placé en marge ou au bas de la page est appelé qeré (קְרֵי lu, masculin singuloer participe passif qal du verbe araméen קְרָא il a lu).

REMARQUE IMPORTANTE. — Le mot écrit dans le texte est muni, non des voyelles qui lui conviennent, mais de celles qui conviennent au qeré. On a sans doute voulu empêcher le lecteur de lire le ketiv, en donnant à ce mot une vocalisation impossible. Ainsi, Samuel I xv, 16, on a dans le texte וַיֹּאמֶרו et en note ויאמר ; les voyelles du texte sont celles du qeré וַיֹּא֫מֶר et non celles du ketiv qui devrait être vocalisé וַיֹּאמְרוּ.
  1. 34. B. Espèces
On distingue :
  1. Le qeré simple qui consiste à substituer purement et simplement un mot à un autre. Le mot à substituer et indiqué en note est généralement suivi de la lettre ק׳, abréviation de קְרֵי . Ainsi Jérémie xxv, 7, on a הַכְעִסֵונִי dans le texte, et en note הכעסני ק׳ ; ce qui veut dire qu’au lieu du ketiv הכעסוני qui devrait se lire הִכְעִס֫וּנִי ils m’ont irrité, il faut lire le qeré הַכְעִסֵ֫נִי m’irriter.

  2. Le qeré-welô-khetiv (קְרֵ וְלֹא כְתִיב, lu, bien que non écrit), ou l’invitation à lire un mot qui n’est pas dans le texte. Ainsi, Jérémie xxxi, 37, le texte porte ִָ֫ הִנֵּה יָמִים, et la note באים קרי ולא כתיב ; il faut donc lire הִנֵה יָמִים בָּאִים voici, des jours viennent.

  3. Le ketiv-welô-qeré (כְּתִיב וְלֹא קְרֵי écrit, mais non lu), ou l’invitation à supprimer un mot qui figure dans le texte. Ainsi Jérémie li, 3, le texte porte אֶל־יִדְרֹךְ יד֫רך הַדֹּרֵךְ קַשְׁתּוֹ ; à l’étoile qui figure au-dessus du second ידרך correspond cette note כְּתִיב וְלֹא קְרֵי par laquelle on est invité à ne pas lire ce mot, qui est une dittographie pure et simple ; comme on le voit, le ketiv-welô-qeré est dépourvu de voyelles.

  4. Le ketiv-uqeré (כְּתִיב וּקְרֵי écrit et lu), qui paraît être la confirmation par la massore d’une leçon du texte mise en doute par certaines autorités.
  1. 35. C. Qeré perpétuel
Lorsque certains mots usuels reviennent fréquemment dans le texte et doivent être lus autrement qu’ils sont écrits, on n’indique pas la lecture à adopter en marge ou au bas de la page, on se borne à mettre sous les consonnes du ketiv les voyelles du qeré qui est dit perpétuel. C’est ce qui arrive pour plusieurs mots dans le Pentateuque : הִוא qu’il faut lire הִיא dans les cas où cette orthographe défectueuse représente le pronom démonstratif féminin ; נַֽעֲרָ qu’il faut lire נַֽעֲרָה dans les cas où le mot signifie jeune fille. — De même, dans les divers livres de la Bible : יְרוּשָׁלִַם Jérusalem, qu’il faut lire comme s’il y avait יִשָּׂשכָר ; יְרוּשָׁלַיִם pour יִשָּׂכָר ; peut-être aussi שְׁתֵּם, שְׁנֵים (deux, masculin et féminin) qu’il faudrait lire, en certains endroits, comme s’il y avait שְׁתֵּ, שְׁנֵי.
Mais l’exemple de beaucoup le plus frappant est celui du nom (tétragramme) divin יהוה. Par respect pour la divinité, les Juifs ne lisaient jamais ce nom dans les réunions synagogales ; on lui substituait soit le nom אֲדֹנָי Seigneur, soit, lorsque le mot אֲדֹנָי précédait immédiatement (à savoir dans la locution אֲדֹנָי יהוה Seigneur Yahweh), le nom אֱלֹהִים Dieu. — C’est pourquoi l’on a transporté sous les consonnes de יהוה, soit les voyelles de אֲדֹנָי, soit celles de אֱלֹהִים ; dans le premier cas, on a substitué au  ֳ  de la gutturale א (60), le sheva simple qui convient mieux au י ; on a ainsi יְהוָֹה ; mais אֲדֹנָי יֱהוִֹה. — Beaucoup de lecteurs de la Bible se sont mépris sur le vrai caractère de ce qeré perpétuel, et, comme la forme יְהוָֹה est de beaucoup la plus fréquente, on s’est accoutumé à unir aux consonnes les voyelles qui les affectent, mais qui ne sont pas faites pour elles, et l’on est arrivé ainsi à ce barbarisme Yehowah que l’on a pris pour le nom propre de Dieu chez les Juifs. De fait, la lecture la plus probable du tétragramme divin est [Yahwè] 2.

IV. - Les accents

§ I. - idée générale

  1. 36.
    Outre les voyelles et les différents signes orthographiques dont nous venons de parler, les bibles hébraïques présentent un système très riche et très complexe d’accents dont il nous faut dire quelques mots.
A. Nature et Fonction
Les accents hébreux ont une triple fonction :
  1. Ils servent d’abord de signes musicaux pour indiquer les diverses particularités de la mélodie ou de l’air sur lesquels il convient de réciter ou de psalmodier le texte sacré. Malheureusement la valeur musicale des accents, infidèlement conservée par la tradition, a été à peu près perdue.

  2. Ils servent en second lieu à l’indication des syllabes toniques. D’ordinaire, en effet, ils sont placés sous la première consonne de la syllabe tonique principale. Il n’y a d’exception que pour un petit nombre d’accents qui sont dits prépositifs quand ils se placent au-dessus ou au-dessous de la première consonne du mot, postpositifs quand ils se placent au-dessus ou au-dessous de la dernière consonne.

  3. Ils servent enfin de signes de ponctuation, et à cet égard ils se divisent en deux groupes : les accents disjonctifs qui expriment, jusque dans les plus petits détails, les césures de la phrase ou du verset ; les accents conjonctifs qui marquent le lien plus étroit qu’il convient d’établir entre certains mots. C’est ainsi que les accents peuvent nous renseigner sur le sens que la tradition attribuait aux divers versets de la Bible.
B. Systèmes d’accentuation
On fait usage, dans la Bible, d’un double système d’accentuation :
  1. l’accentuation ordinaire qui est employée dans tous les livres bibliques, à l’exception des Psaumes, des Proverbes et de Job ;

  2. l’accentuation poétique propre à ces trois derniers livres. Les différences tiennent surtout au caractère musical des accents. Le récitatif des Proverbes, des Psaumes et de Job ne suivait pas les modulations en usage pour le reste de la Bible.

§ II. - Tableau des accents

  1. 37. A. Accents ordinaires.
  1. Accents disjonctifs.
1. ֽ סִלּוּקsiluq cessation, toujours suivi du סוֹף־פָּסוּק , ׃  sof-pasuq fin du verset
2. ֑ אַתְנָ֑ח’atnah qui fait reposer
3. ֒ סְגֹלְתָּאsegôlta grappe o
4. ֓ שַׁלְשֶֽׁלֶתshalshèlèt chaîne de notes, complété par le פָּסֵק [paséq] séparant, appelé aussi, mais à tort, pesiq, séparé, petit trait vertical qui suit le mot (׀)
5. ֕ זָקֵף גָּדוֹלzaqéf gadol grand zaqéf ou élévation du doigt du maître de choeur
6. ֔ זָקֵף קָטוֹןzaqéf qaton petit zaqéf
7. ֗ רְבִיעַrevia‘ qui repose sur une même note
8. ֙ פַּשְׁטָאpashta mélodie qui se soutient o
9. ֚ יְתִיבyetiv qui se repose *
10. ֖ טִפְחָאtifha largeur de main
11. ֛ תְבִירtevir notes brisées, interrompues
12. ֘ זַרְקָאzarqa qui éparpille les notes o
13. ֜ גֶּֽרֶשׁgèrèsh expulsion de la voix avec effort pour produire une note élevée
14. ֞ גֵרְשַֽׁיִםgérshayim double gèrèsh
15. ֣ לְגַרְמֵיהּlegarméh par lui-même, c’est-à-dire indépendant, grâce au paséq, toujours complété par le paséq (׀)
16. ֡ פָּזֵר(pazér qui éparpille le son en forme de trémolo
17. ֟ קַרְנֵי פָּרָהqarné para cornes de vache
18. ֠ תְּלִישָׁא גְדוֹלָה(tlisha gdola grande tlisha, qui est tiré avec effort, mélodie très haute *
  1. Accents conjonctifs.
19. ֥ מֵירְכָאmérkha prolongement de la mélodie
20. ֦ מֵירְכָא כְּפוּלָאmérkha kefula mérkha double
21. ֣ מוּנָחmunah mélodie soutenue, distinct de 15, grâce à l’absence du paséq
22. ֧ דַּרְגָּאdarga échelle, gamme descendante
23. ֨ אַזְלָאazla (qadma) qui va de l’avant, signe 8 non postpositif
24. ֤ מְהֻפָּךְmehupakh retourné, distinct de 9, en ce que celui-ci est prépositif
25. ֩ תְּלִישָׁא קְטַנָּהtlisha qetana petit tlisha o
26. ֪ גַּלְגַּלgalgal roue
27. ֖ מָאיְלָאmayla incliné ; signe 10 (tifha), suivi de 1 (siluq) ou de 2 (atnah)
A. Accents poétiques.
  1. Accents disjonctifs.
1. ֽ סִלּוּקsiluq cessation,voir ci-dessus
2. ֥֫ עוֹלה וְיוֹרֵדolè veyoréd mélodie montante et descendante
3. ֑ אַתְנָ֑ח’atnah qui fait reposer
4. ֗ רְבִיעַ גָּדוֹלrevia‘ gadol
5. ֜֗ רְבִיעַ מֻגְרָשׁrevia‘ mugrash revia‘ avec gèrèsh
6.׀ ֓ שַׁלְשֶֽׁלֶת גְּדוֹלָהshalshèlèt gdola grande chaîne
7. ֮ צִנּוֹרtsinnor crochet o
8. ׄ רְבִיעַ קָטוֹןrevia‘ qaton petit revia‘
9. ֭ דְּחִיdehi repoussé en arrière, tifha prépositif *
10. ֡ פָּזֵרpazér
11.׀ ֤ מְהֻפָּךְ לְגַרְמֵהּmehupakh legarméh , mehuppakh isolé, avec paséq
12.׀ ֨ אַזְלָא לְגַרְמֵהּazla legarméh, azla isolé, avec paséq
  1. Accents conjonctifs
13. ֥ מֵירְכָאmérkha
14. ֣ מוּנָחmunah
15. ֬ עִלּוּי‘illuy ascension de la mélodie
16. ֖ טַרְחָאtarha, modulation lente, dehi non prépositif
17. ֪ גַּלְגַּלgalgal roue
18. ֤ מְהֻפָּךְ mehupakh, comme le signe 11, sans paséq
19. ֨ אַזְלָאazla allant de l’avant, signe 12 sans paséq
20. ֓ שַׁלְשֶֽׁלֶת קְטַנָּהshalshèlèt qetanna petite chaîne, signe 6 sans paséq
21. ֮ צִנּוֹרִיתtsinnorit, signe 7, suivi de 13 ou 14
  1. 38. Remarques
A. Sur l’ensemble du tableau
  1. 1º Beaucoup d’accents sont communs à l’un et à l’autre système, ordinaire et poétique.

  2. 2º Les noms de ces signes ont rapport tantôt à leur fonction, tantôt à leur forme.

  3. 3º Les accents disjonctifs ordinaires sont répartis en quatre groupes subordonnés les uns aux autres, et les rabbins du Moyen Âge leur ont donné des noms qui indiquent cette subordination : 1-4 portent le nom d’empereurs, 5-7 celui de rois, 8-12 celui de ducs, 13-18 celui de comtes.

  4. 4º Le mayla remplace le mètèg quand le mot a un siluq ou un atnah.

  5. 5º Dans le tableau ci-dessus, le signe ֯ indique les accents postpositifs, le signe les prépositifs.

B. Sur les principaux accents
  1. Dans le système ordinaire
    Pour comprendre le rôle des principaux accents il faut remarquer que le texte biblique est divisé en versets ou פְּסוּקִים sections. La fin du verset est indiquée par le ":", סוֹף פָּסוּק fin de section, et marquée dans la lecture par une pause de la voix, indiquée par l’accent siluq. Chaque verset est divisé en deux ou plusieurs membres marqués à leur tour par de nouvelles pauses de la voix. La principale est indiquée par l’accent atnah ; s’il est besoin de deux arrêts, le premier est indiqué par le segolta ; les pauses intermédiaires entre siluq, atnah, segolta, sont marquées par le zaqéf qaton, puis par le tifha, etc.

  2. Dans le système poétique
    Le siluq joue le même rôle que précédemment, et le atnah est employé pour la pause médiane quand le verset ne compte que deux membres. Quand le verset compte plusieurs membres, la première pause, qui est ici la plus importante, est indiquée par olè veyoréd, la seconde par atnah.

C. Les principaux accents peuvent entraîner des changements dans les voyelles près desquelles on les place (105-109).

1. Ainsi, tandis qu’en hébreu on a [qāt(e)lā] à la 3e personne singulier féminin du parfait qal, l’arabe dit [qatalat] avec une voyelle a sous la 2e radicale. De même : hébreu [qat(e)lû], arabe [qatalû] ; hébreu [tiqt(e)lî] (à l’imparfait, de [yiqtōl]), arabe [taqtulîna] (de [yaqtul]) ; hébreu [qit(e)lû] (à l’impératif, de [q(e)tōl], arabe [’uqtulû] (de [’uqtul]). En hébreu d’ailleurs, sous l’influence de la pause (109, c) on dit [qātālā], [qātālû], [tiqtōlî], [q(e)tōlû].

2. Cette prononciation semble garantie :
  1. par les finales de noms propres dont le second élément est le nom divin abrégé ; tel חזקיהו Ezéchias (étymologie Yahweh est ma force), que la massore elle-même ponctue חִזְקִיָּהוּ (Isaïe xxxvii, 1) et qui est transcrit Ha-za-qi-ya-hu dans l’inscription de Sennachérib (Prisme, col. II, 1. 71) ;
  2. par les transcriptions anciennes : Ἰαού dans Clément d'Alexandrie (Strom. y, 6; PG, IX, col. 60), Ἰαώ dans Origène (ln Joan., Ii, 1; PG, XIV, co1.105) et sur beaucoup d'ἀϐρασάξ ou talismans gnostiques des premiers siècles ;
  3. par la prononciation Ἰαϐέ attribuée aux Samaritains par Théodoret (In Exod., quaest. xv; PG, LXXX, col. 244), etc. — Ces divers documents, qui nous fournissent des données, les uns sur le début, les autres sur la fin du mot, permettent d'adopter comme lecture définitive יַהְוֶה [Yahwè].